Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Pourquoi les hommes partent toujours pour une autre

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Plusieurs études ont démontré que les divorces sont généralement initiés par les femmes. Quand les hommes partent, ce serait souvent pour quelqu’un d’autre. Peur de la solitude ou… des tâches ménagères?

Cet été, Grégory a quitté Nadia. Un peu salement: du jour au lendemain, après quinze ans de relation, sans un mot d’explication, la laissant débordée d’incompréhension, de rancœur et de colère. Et pourtant, elle ne sait pas encore ce que plusieurs de leurs amis n’ignorent plus: Grégory est parti «pour quelqu’un».

Evidemment. Les hommes font toujours ça. «Ce que j’observe, depuis maintenant 30 ans que je suis avocate, c’est qu’en général, [ils] ne partent que quand il y a, je ne dirais pas un autre nid, mais la possibilité d’autre chose», affirmait le 1er juin dernier dans l’émission Quelle époque! la Française Michelle Dayan, par ailleurs autrice du récent Nous nous sommes tant aimés. «Tous les avocats en divorce en font l’expérience. Les hommes se séparent pour une autre ou, du moins, quelqu’un d’autre dans le paysage.»

Sinon, ils se barrent peu. Les données n’existent pas en Belgique, selon le SPF Justice. Mais ailleurs, d’autres études ont démontré que ce sont majoritairement les femmes qui demandent le divorce. Dans 69% des cas aux Etats-Unis, à en croire Michael Rosenfeld, professeur de sociologie à l’université Stanford. Dans 62% des cas en Angleterre et au pays de Galles, selon l’Office for National Statistics. Dans 75% des cas en France, avance l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes.

«Outre le sexe et l’intimité, il manque [aux hommes seuls] quelqu’un pour faire la cuisine et la lessive.»

Els Messelis

Gérontologue

Bref (en forçant bien sûr le trait): soit ces messieurs se font quitter, soit ils enchaînent directement sur une nouvelle conquête. Intéressant. «[Pour eux], pas de solitude possible, elle leur est insupportable», estime l’avocate Michelle Dayan. «Les hommes qui se retrouvent seuls après un divorce ou un décès sont plus susceptibles de chercher une nouvelle partenaire», affirmait ici même, en 2023, la gérontologue Els Messelis.

La peur du vide? La théorie du psychiatre Jacques-Antoine Malarewicz, auteur de Repenser le couple (éd. LDP) est œdipienne. Selon lui, certains hommes auraient du mal à quitter la figure féminine car celle-ci serait inconsciemment associée à l’image de la mère. Qui ne peut être quittée. D’autant plus si, enfant, à cause de maman trop investie ou de papa trop absent, ils n’ont pas suffisamment intégré que le véritable désir maternel ne portait pas sur eux, mais bien sur le père. Freud, sors de ce corps!

Et s’il s’agissait plutôt de la phobie… des tâches ménagères? Cet affreux aspirateur qu’il leur faudrait désormais manier. Ces épouvantables chemises qu’il faudrait repasser soi-même. Cet inquiétant lave-vaisselle à vider. Sans parler de ces horribles gosses dont il faudrait alors s’occuper. Et puis, toutes ces agréables attentions qui disparaîtraient: la housse pour le linge sale prévue dans la valise, les rendez-vous pris chez les médecins, les déguisements des mioches dénichés pour le carnaval, l’armoire toujours pourvue de dentifrice et de bain douche… Franchement, qui voudrait se passer de tels services? Gratuits, qui plus est! «Outre le sexe et l’intimité, il manque [aux hommes seuls] quelqu’un pour faire la cuisine et la lessive», résumait Els Messelis.

Ironie du sort: si les femmes se cassent, souvent, c’est précisément parce qu’elles ne supportent plus de jouer les femmes de ménage… Point la peine de vérifier auprès d’une autre compagne. La seule solution pour un couple qui dure, c’est d’enfin saisir cet abominable balai.

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