Mélanie Geelkens
La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Messieurs, pourquoi vous devriez désormais faire pipi assis
Le saviez-vous, messieurs ? Lorsque vous faites pipi debout… vous en mettez partout. Mais vous vous en fichez, non ? C’est pas vous qui faites le ménage. Puis ça booste votre virilité.
Les téléphones ont des oreilles. L’autre jour, ils ont entendu une conversation sur les «pisse-debout», ces ustensiles – tantôt en plastique, tantôt en papier – censés permettre aux femmes d’uriner sans s’accroupir. Hop, deux heures plus tard, des publicités pour cet accessoire inondaient les réseaux sociaux d’un des deux bavards ; pas de chance, de celui déjà naturellement équipé d’un instrument lui permettant de soulager sa vessie quand bon lui semble. Les téléphones ont des oreilles, mais ne sont pas pour autant intelligents.
Donc les femmes veulent désormais pisser comme des mecs. Des festivals procurent ces ustensiles, des inventrices commercialisent des urinoirs féminins mobiles (baptisés Lapee), des artistes en font une revendication féministe (comme Fontaine, d’Elsa Sahal, sculpture représentant une vulve en train d’évacuer, campée bien droite sur ses deux jambes). Pendant ce temps-là, tels deux flux aux courants contradictoires, ces messieurs sont de plus en plus priés de faire pipi assis.
En Allemagne, cette tendance porte même un nom: le Sitzpinkler. Dans certains lieux publics, aussi en Suède ou parfois en France, des affiches prient les hommes de poser leur séant sur la lunette. Question d’hygiène. Et de gouttelettes.
Car oui, c’est dégueu, les amis: ça ricoche, ça projette, ça éclabousse. C’est le « retrosplash», disent les anglophones. Sur YouTube, certains ont filmé des jets sous lumières UV, et c’est pas loin de ressembler à du Jackson Pollock (en particulier au bout d’une semaine ; rares sont ceux qui nettoient leurs waters à une fréquence plus soutenue). Sur la planche, la cuvette, l’évier tout proche. C’est chouette de se dire que le PQ prochainement utilisé aura déjà été imprégné.
Ou la brosse à dents. En 2013, lors d’un congrès de l’American Physical Society sur la dynamique des fluides, le professeur de génie mécanique Tadd Truscott avait présenté les résultats de son étude sur les éclaboussures. Conclusion: «Si votre brosse à dents est située à trois ou quatre mètres, tout va probablement bien, racontait-il dans The Guardian. Si c’est juste un mètre ou deux… ce n’est pas bon.» Miam.
Des affiches les prient de poser leur séant sur la lunette. Question d’hygiène. Et de gouttelettes.
Jimmy, 37 ans, pisse assis depuis toujours: c’est comme ça que sa mère le lui a appris, «pour ne pas en mettre partout». Guillaume, lui, a changé de position sur insistance de sa femme. Tiens, comme s’il fallait récurer soi-même les chiottes pour réaliser la dégueulasserie du retrosplash. Forcément, quand on n’essuie pas soi-même ses gouttes, tout semble moins répugnant.
Mais, bizarrement, ceux qui osent avouer qu’ils posent leurs fesses sur la planche pour se soulager sont au mieux raillés, au pire insultés (tapette, pédale et autres joyeusetés). Quand bien même ils avancent des arguments sanitaires pour justifier leur terrible audace (la science, en réalité, n’a pas – encore? – tranché la question). Comme si lansquiner les jambes bien tendues était un signe de virilité. Ah, «ces ch… de féministes qui veulent démasculiniser les hommes en les poursuivant jusqu’aux toilettes». Lu sur le site du Parisien, d’un homme de 49 ans qui a probablement une femme (de ménage) et qui semble avoir oublié que, comme tous les enfants, il a d’abord appris la propreté agenouillé sur son petit pot. Tu seras un homme, mon fils! Tu projetteras allègrement tes gouttelettes sans jamais te questionner ni te tracasser. Un homme, un vrai.
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