Mélanie Geelkens
La sacrée paire de Mélanie Geelkens | La récession sexuelle : pourquoi les gens font de moins en moins l’amour
Un sondage récent, publié en France, indique que les gens font de moins en moins l’amour. Une récession sexuelle qui débute en 2006, et qui concernerait principalement les femmes.
Ça devrait se mélanger à tout va, là. Avec toutes ces applis de rencontre, ce clitoris (re)découvert, ces comptes Instagram qui détaillent comment (bien) faire, ces tabous levés, ces fantasmes décomplexés… Chaque soir devrait friser l’orgie, chaque matelas devrait suinter les fluides mélangés, chaque corps devrait être rassasié. Que dalle. Plutôt : la dalle. L’accouplement se fait de plus en plus rare, selon un sondage Ifop publié le 26 janvier dernier en France. Qui s’inquiète carrément d’une «récession sexuelle»: «L’évolution de l’inactivité sexuelle de la population [est] un phénomène en forte hausse.» En 1970, 83% des Français déclaraient au moins un coït au cours des douze derniers mois. Contre 76% en 2024 ; un chiffre qui n’a jamais été si mou. La débandade commence apparemment après 2006, alors que jusque-là le pourcentage avait la trique, grimpant jusqu’à 91%.
La première cause de cette alarmante récession sexuelle semble être d’ordre biologique: être une femme. Ainsi, 62% des répondantes accordent au sexe une place importante dans leur vie (pour 75% des messieurs). Autres exemples: 54% d’entre elles (contre 42% d’entre eux) pourraient continuer à vivre avec quelqu’un sans plus jamais faire la bête à deux dos, 30% (contre 60%) ressentent un manque en cas d’abstinence prolongée, 52% (vs. 46%) déclarent qu’il leur arrive d’écarter les cuisses sans en avoir envie, 15% se reconnaissent dans l’étiquette d’asexuelle (contre 9%)… Enfin, 69% des femmes (mais 48% des hommes) ne vivent pas difficilement l’absence de rapports sexuels.
La première cause de cette alarmante récession sexuelle: être une femme.
Le problème réside, peut-être, dans la qualité des sus-cités rapports. Un homme, quarantaine approchante, avait un jour eu cette révélation: «Des filles m’ont dit que la pénétration, ça ne les faisait pas jouir, c’est vrai?» Eh oui, chéri. «Ah mais c’est fou, ça! J’ai toujours cru que c’était le summum du sexe!» Mieux vaut tard, etc. Or, coucher sans jouir, c’est un peu… comme passer l’aspirateur, tiens. Un acte mécanique, dépourvu d’intérêt. Mais pas de nécessité: pour que la maison soit propre, faut parfois un peu se forcer. Mais nul ne s’écriera jamais «Youpi!, de la poussière sur le plancher!». Les années passant (la durée du couple étant l’autre facteur majeur de cette récession), la baraque finit par sentir un peu le moisi.
Alors que le sexe devrait être… comme un brownie! Ou un cookie, ou une tranche de saucisson, ou une olive: tous ces petits trucs qui se mangent sans faim et qui offrent une satisfaction gustative immédiate. Certes, il y a parfois des régimes, la lassitude, des envies de nouveaux ingrédients… Mais personne ne crache jamais sur un brownie. A condition qu’il soit bon, bien sûr. Dommage que certains hommes soient de si piètres cuistots… et que les femmes ignorent encore trop souvent comment élaborer leur propre recette. Pourtant, attendre de l’autre qu’il soit capable de préparer un bon petit plat alors qu’il n’a jamais su comment bien manier les ustensiles, c’est le meilleur moyen de bouffer cramé. Et comme certaines se forcent à faire miam miam même quand l’assiette est fade, les types finissent par se prendre pour des chefs étoilés.
La bonne nouvelle, c’est qu’un ingrédient magique existe pour relever cette récession: le féminisme. Le sondage Ifop révèle que plus les femmes déclarent l’être, plus elles apprécient le sexe et en voudraient davantage. Voilà qui devrait convaincre les derniers récalcitrants de l’utilité de l’égalité.
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