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La gratuité du parking, un jour c’est bien, un autre jour c’est le communisme: voici la fin de la logique en politique

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

La réponse donnée par une société à un choc, médiatique ou politique, dépend souvent des inflexions dominantes dans cette société. Souvent sans logique.

La manière dont un organisme métabolise une crise illustre généralement sa complexion profonde, et ce qui est valable pour un corps humain vaut parfois pour un corps social. La réponse que donne une société à un choc, médiatique ou politique, dépend souvent des inflexions dominantes dans cette société.

Ainsi, le diagnostic d’une droitisation du monde se vérifie encore par la toute récente actualité autour du CPAS d’Anderlecht, et par la réponse politique en train de lui être donnée. Un reportage de la VRT a donné une ampleur nationale à un phénomène qui mine toute notre société. Ce phénomène, c’est la pauvreté. Ce reportage, très bon, a montré des assistants sociaux débordés, physiquement incapables de suivre 200 personnes au quotidien. Avec une précision clinique, il a montré des personnes précaires perdues, des pauvres qui ne risquaient pas avant longtemps de devenir moins pauvres. Le métabolisme «droitard» qui domine aujourd’hui nos sociétés en a conclu que trop d’argent était dépensé dans l’aide sociale, qu’il fallait y mettre de l’ordre et qu’il valait mieux pour tout le monde qu’on réduise l’argent consacré à aider les pauvres, car cet argent qui ne rendait pas les pauvres moins pauvres était gaspillé: si les pauvres et les gens censés les aider manquent de moyens à en crever, c’est qu’il leur faut moins de moyens.

Voici l’implacable métabolisation par l’esprit du temps, par laquelle les prochains gouvernements s’appuieront sur ce reportage pour rogner sur les montants alloués aux CPAS. Au moins celle-ci applique un remède à ce qu’elle identifie comme un mal.

Mais c’est moins par le caractère droitier de sa réaction que la métabolisation politique contemporaine se manifeste, que par son caractère illogique. Car si une réaction de droite à un problème est une réaction aussi logique qu’une réaction de gauche, une réaction illogique, elle, est toujours une réaction inquiétante. Cette métabolisation par l’illogisme est un signe des temps autrement plus problématique, car elle annule ce qui fait le principe du débat public: le respect de la logique et des faits. Et elle contamine tout le monde.

A droite, regardez, c’est ce Mouvement réformateur qui raconte toujours que la gratuité n’existe pas, mais qui se réjouit de rendre le parking gratuit quand il entre au pouvoir à la commune de Bruxelles, tandis qu’il crie que rien n’est jamais gratuit, que c’est le communisme, qu’on va vers la faillite et vers 100 millions de morts quand la commune de Mons, où il est dans l’opposition contrairement aux communistes, rend le parking gratuit.

A gauche, regardez, c’est ce Parti socialiste qui, en août, raconte qu’il faut revoir la structure institutionnelle de Bruxelles parce que la Région bruxelloise a besoin d’un gouvernement d’urgence, ce parti qui, en septembre, impose aux partis flamands le report d’une zone de basses émissions sans leur demander leur avis, et ce même parti qui, en décembre, refuse de faire un gouvernement tout de suite parce que cela aboutirait à revoir la structure institutionnelle de Bruxelles.

A droite, à gauche, voyez, la logique est partout la même: il n’y en a pas.

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