Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier | Pourquoi il est si difficile de revenir à un championnat sans play-offs
La Pro League cherche sa formule de compétition pour les cinq saisons à venir. DAZN n’est pas autour de la table, mais le diffuseur pèse très lourd dans les discussions.
Les réunions sont sous tension. Parce que même si certains des dirigeants du football belge sont devenus des spécialistes d’arrondissement des angles, le profil du patron de club le plus fréquent est plutôt obtus. Derrière les grands discours vantant des prises de position choisies dans le fameux «intérêt général du football belge», chacun pense surtout à sa situation personnelle. Parce que même quand on la rend la plus attractive possible, la deuxième division reste un mouroir financier dans lequel personne n’a envie de tomber.
Autour des grandes tablées de la Pro League, où on s’écharpe poliment pour esquisser la future formule de compétition du championnat de Belgique, il y a au moins un consensus. Le championnat est trop long, et le calendrier trop chargé. Surtout pour ceux qui veulent briller sur la scène européenne. Même les plus grandes ligues du Vieux Continent, avec leurs championnats à 20 équipes, s’arrêtent à 38 journées de compétition contre les 40 que compte actuellement la Jupiler Pro League.
La réponse pourrait être d’une simplicité enfantine: avec seize équipes en course, si on revenait à une formule de championnat «classique» avec un match à domicile et un en déplacement contre chaque adversaire, le championnat se réduirait à 30 matchs. On pourrait même s’offrir le luxe de faire monter deux équipes supplémentaires, revenant à l’ancienne mouture de la compétition avec 18 équipes et 34 journées. La France y est revenue, l’Allemagne ne l’a jamais abandonnée, et tout semble bien plus simple comme ça.
Le problème, c’est évidemment l’argent. Celui mis sur la table par DAZN, le diffuseur du championnat, pour acquérir (conserver, puisque c’est en quelque sorte «l’évolution» d’Eleven Sport) les droits du football professionnel belge entre juillet 2025 et juillet 2030. Un bail de cinq ans facturé 84 millions d’euros, déjà bien moins que les 100 du contrat précédent, et un argent qu’il faut désormais répartir entre les clubs tout en s’assurant de ne pas altérer un produit qui se vend encore à un prix acceptable pour les entités nationales. Là, l’attractivité des play-offs est évidemment un enjeu majeur. Le suspense jusqu’à la dernière journée, la multiplication des affiches entre adversaires qui rassemblent les spectateurs devant leurs écrans et les stades alors remplis sont des arguments incontournables pour justifier la mise de DAZN. Si les écarter revient occasionnellement sur le tapis (ce sera encore le cas cette semaine), la réalité financière reprend systématiquement le dessus. DAZN n’est pas assis à la table des négociations, mais c’est probablement l’acteur qui pèse le plus sur les débats.
La question n’est donc pas tant comment réduire le championnat, mais comment le faire sans toucher aux play-offs. Réduire le nombre de clubs participants fait forcément froncer les sourcils des plus petits, alors que revenir à des play-offs à quatre équipes inquiète les plus grands, trop nombreux pour être certains d’obtenir une place dans le carré VIP de la fin de saison. Un accord finira bien par tomber, et on ressortira le cliché du «pays du compromis» parce qu’il ne satisfera pas vraiment grand monde. Sauf DAZN.
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