La chronique de Guillaume Gautier | 31 points avec 15 buts: le Standard bat des records
Le Standard d’Ivan Leko a la pire attaque du championnat, mais est plus proche du podium que de la relégation.
Il suffisait sans doute de croiser la route de l’une de ses victimes favorites. Sur le terrain synthétique du Stayen, le Standard a enchaîné une deuxième victoire de rang contre le Saint-Trond de Felice Mazzù. Une bonne habitude face au coach carolo, seulement vainqueur trois fois contre les Rouches en 25 affrontements. Une bonne surprise, aussi, tant le déplacement chez le voisin limbourgeois réussit rarement à des Liégeois qui n’avaient plus enchaîné deux succès consécutifs depuis le mois d’octobre 2023. Pourtant, les fans du Standard ont probablement craint le pire quand les Trudonnaires ont ouvert le score en tout début de rencontre. Parce que marquer deux buts dans le même match, ce n’était arrivé que trois fois en 21 matchs aux hommes d’Ivan Leko cette saison.
Particulièrement obstiné, le coach croate a entamé la saison avec une conviction: son noyau, surtout dans le secteur défensif, est bien trop faible pour être exposé. Trop fébrile pour être démesurément sollicité. Alors, le Standard ne fera que défendre. Tant pis pour le spectacle. Après tout, comme aime le répéter en privé l’ancien entraîneur de Bruges ou de l’Antwerp dans son anglais teinté de l’accent des Balkans: «Standard Liège is power.»
Le marché des transferts ressemble donc parfois au recrutement d’une équipe de déménagement. Entrer dans le Standard d’Ivan Leko, c’est comme monter dans une attraction à Walibi: une taille minimale est requise pour faire partie de l’aventure. Le spectacle est ailleurs, mais les résultats sont là. Après 22 rencontres de championnat, les Rouches ont franchi la barre des 30 points et sont plus proches du podium (à six points) que des dangereux «Relegation Play-offs» (à huit unités). Tout ça avec un chiffre qui frappe encore plus que tous les autres: les Liégeois n’ont marqué que quinze fois. Dix, même, si on enlève les penalties.
Dans les huit plus grands championnats européens, seuls Boavista au Portugal (sept buts), Almere City aux Pays-Bas (huit) et Le Havre en France (neuf) ont marqué moins de buts hors penalties que le Standard, mais n’ont disputé qu’entre 17 et 18 matchs cette saison, contre 22 pour les pensionnaires de Sclessin. Tous sont actuellement relégables.
En Belgique depuis l’instauration de la formule des play-offs à l’occasion de la saison 2009-2010, trois équipes ont marqué moins de quinze buts après 22 journées: Courtrai la saison dernière (13), le Germinal Beerschot et Charleroi (14) en 2011. Les Courtraisiens et les Zèbres occupaient la lanterne rouge, les Anversois étaient treizièmes. Jamais la pire attaque après 22 rencontres n’avait dépassé les 25 points, alors que le Standard s’installe désormais au-delà des 30. Tout cela en ayant conclu la moitié de ses matchs sans avoir fait trembler les filets.
Au cœur d’un Standard qui navigue à vue dans l’attente d’un repreneur, où l’argent est presque inexistant pour boucler un transfert et qui aligne récemment une défense faite de joueurs qui ont joué la relégation en deuxième division la saison dernière, les chiffres ont l’allure d’un miracle. Le spectacle est souvent indigeste, mais n’est-il pas l’unique façon d’éviter la famine de points?
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