Nicolas De Decker

La certaine idée de Nicolas De Decker: N-VA, yaka d’en bas et yaka d’en haut

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

« Avec la NV-A, c’est toujours ceux qui n’ont rien qui n’ont qu’à ».

C’est devenu du grand usage qu’atteignent seulement les modes validées par l’habitude.

Celles qui sont efficaces parce qu’elles sonnent bien et qu’elles frappent juste: quand on est au pouvoir et qu’on n’aime pas ce que dit l’opposition, on dénonce depuis quelques années les «yaka», ces réponses faciles à des problèmes complexes, que l’expérience empirique des responsabilités empêcherait de mettre en œuvre.

Et c’est vrai qu’il y a quelque chose de répugnant dans ces injonctions confortables à taxer les riches, à renvoyer les immigrés chez eux, à emprisonner toutes les personnes méchantes, à libérer toutes les nations opprimées, ou à prolonger des centrales nucléaires alors qu’on est occupé à tenter de gérer, dans le vacarme de ces crispants quolibets, une crise économique, une crise humanitaire, une crise sécuritaire, une crise géopolitique, ou une crise énergétique.

On promet qu’il y en a, même en Belgique, même dans les gouvernements, qui de bonne foi s’y éreintent, épuisant leur bonne volonté au mur de la réalité, et qui, l’enthousiasme défait, doivent constater sans pouvoir le faire croire que ces panacées de campagne ne sont ni faisables ni parfois souhaitables.

Alors on les comprend ceux-là qui, d’en haut, des sommets de l’Etat, dénoncent les yaka venus d’en bas, des bancs d’une opposition hypocrite ou obtuse, pour qui au fond il est plus important d’engranger du soutien en feignant parler peuple que de contribuer à résoudre les problèmes que celui-ci traverse.

Dénoncer les yaka venus soi-disant d’en bas, c’est dire au peuple qu’il ne faut pas croire ce que disent ceux qui font croire que d’en haut tout est si simple.

C’est salir d’infamie une technique rhétorique, en effet, pas très propre.

Il n’en reste pas moins qu’on fait aussi du sale d’en haut.

De tout en haut, même. Du plus haut qui, chez nous, soit.

Ces dernières semaines, la formation la plus puissante du royaume, qui représente les catégories sociales les mieux dotées de la région la plus nantie du pays, a récemment donné la pleine amplitude à sa spécialité rhétorique la plus enchanteresse dans la dégueulasserie.

La plus folle et la plus efficace.

C’est celle du yaka du haut vers le bas.

Celle de ce parti qui dit que c’est la faute des pauvres s’ils sont pauvres, ils n’ont qu’à travailler, et la faute des Wallons s’ils ne sont pas flamands, ils n’ont qu’à faire revenir les usines, les mines et les hauts fourneaux qui sont partis en Flandre pour être plus proches de la mer.

Et les locataires? Ils n’ont qu’à pas louer.

«Oui, c’est la conséquence quand on loue», a ainsi courageusement répondu le ministre- président flamand N-VA, Jan Jambon, à une question sur les locataires forcés de payer des charges énergétiques délirantes sans avoir la possibilité de rénover leur habitation.

Et les enfants de mères au travail?

«Il n’y a qu’à les faire garder par les papas», a bravement répondu la présidente du parlement flamand, Liesbeth Homans, à une interpellation sur les difficultés de trouver des places en crèche pour les parents, surtout des mamans, qui veulent travailler.

Il n’y a qu’à, ils disent toujours, à la N-VA.

C’est la réponse à tout quand on veut convaincre de n’avoir rien à faire.

Mais, avec eux, ce sont toujours ceux qui n’ont rien qui n’ont qu’à.

C’est ça le yaka venu d’en haut de la N-VA.

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