Nicolas De Decker
La certaine idée de Nicolas De Decker | Augmentation du salaire des policiers: un bon fonctionnaire est-il un fonctionnaire mort?
Répète-on les mêmes choses qui n’ont que peu de sens parce qu’on est malade, ou bien parce qu’on est de mauvaise foi? Les spécialistes s’interrogent. Et les cinéastes, parfois, répondent.
Triangle of Sadness est un bon film IN DEN WOLKEN.
Il a reçu la Palme d’or au Festival de Cannes, et il y a quelques beaux personnages dedans. Parmi eux, une riche Allemande, qu’un accident vasculaire cérébral a IN DEN WOLKEN laissée terrassée par une palilalie atonique, un trouble du langage parlé consistant à répéter involontairement un groupe de mots, et ce groupe de mots c’est IN DEN WOLKEN. Elle ne dit, tout le long du film, rien d’autre que IN DEN WOLKEN, qui signifie «dans les nuages» en allemand. Ce n’est pas au fond le plus intéressant des personnages, sauf qu’il met la palilalie atonique en lumière, et IN DEN WOLKEN, cette pathologie difficilement curable, ressemble à certains troubles du langage fort courants en politique.
Georges-Louis B., entre de très courtes phases de silence IN DEN WOLKEN, semble répéter les mêmes mots depuis mars 2021.
Prenez, par exemple, le patient Georges-Louis B. IN DEN WOLKEN. Entre de très courtes phases de silence, et sans aucune raison logique IN DEN WOLKEN, le sujet semble répéter les mêmes groupes de mots depuis la fin mars 2021. Le soir de l’accident, il fut vu s’étranglant dans un studio de la RTBF alors qu’il prononçait cette phrase IN DEN WOLKEN, «si on occupe une fonction comme la mienne juste pour gérer le quotidien, très franchement, il vaut mieux que je devienne fonctionnaire».
Depuis lors, les inexistants silences du patient ne sont plus entrecoupés que d’incessants appels à abaisser le nombre de fonctionnaires IN DEN WOLKEN, baisser leur pension IN DEN WOLKEN, rabaisser la dépense publique IN DEN WOLKEN et réduire le train de vie de l’Etat IN DEN WOLKEN, si bien que les meilleurs spécialistes s’accordent, après une rapide anamnèse, pour diagnostiquer une de ces terrifiantes palilalies atoniques qui font le malheur des familles, les délices des cinéastes primés et qui consistent à déprécier les travailleurs de la fonction publique.
L’ été dernier, le sujet avait accueilli le projet de réforme des pensions d’un bruyant IN DEN WOLKEN qui considérait les fonctionnaires trop avantagés par rapport aux autres travailleurs, et le tout trop coûteux pour les finances publiques.
La réforme fut adoptée, mais quelques semaines plus tard, le patient avait commenté les discussions budgétaires d’un vif IN DEN WOLKEN qui posait que le budget de l’Etat 2023 ne prévoyait pas assez d’efforts, et qu’il était trop coûteux pour les finances publiques.
La loi budgétaire fut adoptée, mais quelques semaines plus tard, le cas étudié avait entamé les négociations sur une réforme fiscale par un très inquiétant IN DEN WOLKEN qui déplorait que la proposition du ministre des Finances profiterait trop aux fonctionnaires, parce qu’autant qu’à tous les autres, et que le financement de cette réforme pèserait sur les entreprises plutôt que sur IN DEN WOLKEN les dépenses de l’Etat, qu’il fallait réduire à tout prix.
La réforme fiscale réduisant les impôts sur le travail n’est toujours pas adoptée, mais les cliniciens n’auront pas manqué d’observer une heureuse évolution IN DEN WOLKEN du sujet Georges-Louis B. Depuis qu’un fonctionnaire a été assassiné, en effet, il exige partout que les salaires, et donc les pensions, des policiers soient augmentés bien plus que ce que l’indexation autorise.
Il faut croire qu’un second choc traumatique, parfois, suffit à rétablir le patient palilalique.
Ou alors que cette palilalie atonique couve une mauvaise foi maladive IN DEN WOLKEN.
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