Nicolas De Decker
Ils s’insultent au lieu de négocier: et si on inscrivait les formateurs du gouvernement bruxellois à une formation?
La formation du gouvernement bruxellois semble menée par des mandataires peu versés dans l’art de la négociation. On a une solution: ils devraient se former à la formation.
Quand les élites parlent au peuple, elles lui disent comment il doit se tenir, comment il doit travailler, ce qu’il doit étudier, et comment il doit se former, car justement l’enjeu de ce siècle est la formation, que celle-ci porte sur un capital humain à augmenter ou sur des gouvernements à installer.
Tous les formateurs et tous les commanditaires de formations pour le peuple vous le diront, seules des formations idoines peuvent adapter la main-d’œuvre aux besoins toujours plus pointus d’un marché du travail toujours plus gourmand en compétences de pointe.
Conséquemment, il y a des formations pour tout chez nous, et puisque toutes les autorités sont absolument conscientes de ces enjeux vitaux, ces formations sont gentiment subsidiées, au profit immédiat d’une galaxie d’entreprises des secteurs concernés et au bénéfice durable d’entrepreneurs et de consultants agiles de la formation, mais le but est que ces formations, bien sûr, profitent davantage aux formés qu’aux formateurs.
En Wallonie, dans le catalogue des formations proposées par le Forem pour le peuple, ou subsidiées par ses offices, on peut trouver de disruptifs modules formatifs en leadership, ou en animation puppets, par exemple.
Et parmi ces centaines de modules, la plupart embrassent une initiation ou un perfectionnement sur des soft skills, ces compétences comportementales sans lesquelles un peuple n’est rien dans sa vie sociale et est encore moins que rien dans sa vie professionnelle.
L’habileté à négocier y est évidemment cruciale et ce n’est pas pour rien que le peuple wallon peut développer cette compétence en se formant, toujours grâce au Forem, au métier de commercial en vins et spiritueux, à celui de négociant en cycles ou en véhicules d’occasion, ou en entamant une formation collective en création d’entreprise ou une formation individuelle pour entreprendre sur les traces de Walt Disney.
A toutes ces formations intégrant la civile nécessité de savoir négocier, le peuple wallon est éligible grâce à des moyens régionaux, qui lui apprendront ou lui rappelleront probablement dès le premier bullet point de la première slide formatrice que si on veut faire aboutir une négociation la dernière chose à faire est de cracher au visage de votre partenaire potentiel, et ce n’est pas pour rien que le peuple wallon peut disposer depuis longtemps d’un gouvernement régional.
Car comme pour démontrer la nécessité de tous ces modules, à ces soft skills si dispensés au peuple wallon, les élites bruxelloises semblent inéligibles. Pas formés à la formation de gouvernement, les négociateurs, censés pourtant rédiger un accord de gouvernement qui fera la part belle à cet enjeu vital de la formation du peuple, ne négocient pas, ils s’insultent.
Ahmed Laaouej, pas convaincu par les compétences comportementales de son partenaire de coalition traite le MR de raciste.
Le MR, peu enclin à reconnaître les soft skills du socialiste, le traite de raciste, d’antisémite, de communautariste, n’est pas loin de le considérer comme réticent à l’idée d’entreprendre sur les traces de Walt Disney, et sans doute est-ce encore une preuve du dynamisme wallon et de l’arriération bruxelloise.
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