On les définit souvent comme des geeks accrochés à leur smartphone, vivant à l’ombre des influenceurs, idoles du XXIe siècle. Mais ils ne se contentent pas d’être passifs, ils maîtrisent les dernières innovations en matière de communication alors que nous devons les supplier de nous apprendre comment poster une recette culinaire sur le vieux Facebook qu’ils nous avaient eux-mêmes aidés à installer. «Qui traîne encore sur Facebook, à part les boomers?», ricanent-ils.
Nous les aînés qui sommes passés du téléphone fixe et du courrier postal au smartphone et aux réseaux sociaux, nous tentons tant bien que mal de suivre le rythme. Le nôtre était bien plus lent! Après l’envoi d’un pli, il fallait attendre plusieurs jours pour recevoir la réponse. Et lorsqu’il n’y avait qu’un poste fixe à la maison, il fallait presque prendre rendez-vous pour l’utiliser ou faire la file à côté d’une cabine. Fini la lenteur des courriers… qui n’étaient pas limités en nombre de caractères, à l’instar des si belles lettres de Camus et Maria Casarès.
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Les jeunes ne sont pas que des geeks, rivés à leurs écrans.
L’autre jour, en me rendant au travail, j’ai croisé un jeune voisin dans le bus. Il était 5 h 30 du matin et il ne semblait pas encore bien réveillé. Habillé uniquement d’un tee-shirt et d’un short ; j’avais froid pour lui.
– Tu es si matinal, je ne t’ai jamais croisé si tôt!
– J’ai décroché un job d’été et c’est mon premier jour. Je vais animer un stage pour enfants pendant deux semaines. J’ai dormi quatre heures à peine, j’étais avec des potes et je n’ai pas vu l’heure passer. Mais bon, j’ai l’habitude d’animer les enfants chez les scouts, je vais gérer.
Le lendemain, nous nous sommes retrouvés dans le même bus. Il m’a raconté que sa journée avait été intense, qu’il n’avait pas eu une seconde de répit parce qu’il devait s’occuper de quinze enfants assez turbulents.
– Tu travailles en tandem avec quelqu’un d’autre?
– Non, chaque moniteur gère seul un groupe d’enfants.
Cela m’a ramené plusieurs années en arrière. Mes propres enfants avaient fréquenté ce type de stage et les animateurs se plaignaient déjà d’être trop peu nombreux.
L’avant-dernier jour, c’est toujours seul qu’il a dû accompagner les enfants dans un centre aquatique hors de Bruxelles. Il m’a dit qu’il aurait souhaité être avec un autre animateur lors de cette expédition. Mais il en manquait. Il m’a raconté qu’il était considérablement stressé et qu’il avait dû être particulièrement attentif à la montée et à la descente du train. Sur place, il lui avait fallu maintenir sa vigilance au maximum pour surveiller et canaliser l’énergie des quinze enfants tentés de découvrir toutes les attractions. «J’ai eu peur pour leur sécurité», m’a-t-il avoué. Chapeau bas, les jeunes.
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