Juliette Debruxelles
Formicophilie: quand les fourmis sont utilisées à des fins érotiques
La formicophilie est l’attrait sexuel pour les insectes, dont les fourmis. Une manière unique de se connecter intimement à la nature, pour de fourmidables plaisirs…
Elles reviennent, profitant du réchauffement de la saison et des miettes du petit-déjeuner sur la terrasse. Certains les chassent, craignant une invasion de leur habitation. Mais pour les fourmicophiles, c’est la fête dans le caleçon. L’excitation sexuelle que leur provoquent les insectes – en particulier les fourmis (formicophilie) – les mène à la croisée de la psychologie, de la biologie et de la sexualité.
Loin d’être une curiosité contemporaine, la formicophilie se retrouve dans des fresques antiques montrant des scènes où des insectes sont utilisés à des fins érotiques. Les textes anciens fourmillent (héhé) de références à cette pratique. Dans Les Métamorphoses d’Ovide, la transformation d’Arachné en araignée évoque l’influence fascinante des insectes sur la psyché humaine. Plus proche de nous, Bernard Werber, dans sa trilogie Les Fourmis, explore les mystères et les merveilles de ces petits insectes, stimulant l’imaginaire collectif et peut-être, secrètement, réveillant des pulsions enfouies chez certains. Un retour à l’enfance et à la fascination pour les créatures minuscules, à l’observation des minimondes pendant des heures…
Unis par une attirance commune pour les sensations procurées par les insectes, les formicophilies ne sont ni des marginaux ni des excentriques. A noter que l’excitation ressentie par les humains à l’égard des fourmis n’entre pas, jusqu’ici, dans le scope (illégal) de la zoophilie.
Selon le sexologue américain Harold Gottschalk: «Les formicophiles cherchent à explorer des dimensions sensorielles nouvelles, cherchant à se connecter avec la nature d’une manière intime et unique.» (Sexology Journal, 2020).
Alors non, il n’y a pas de pénétration. Hormis quelques bestioles s’aventurant à leur insu dans l’urètre ou d’autres orifices… Mais rien de réciproque. Pas de séduction, de jugement, de compétition. Une fourmilière repérée en forêt ou sur des sites spécialisés suffit à créer un ersatz de club aux mille orgasmes.
Soumettre son corps à des créatures incontrôlables peut représenter une forme de lâcher-prise.
Car le plaisir est ailleurs et les motivations sont multiples et fascinantes. Certains formicophiles rapportent que la sensation des fourmis se déplaçant sur leur peau provoque une stimulation nerveuse intense, similaire à une série de chatouilles exquises, excitantes, insupportables ou apaisantes. Les flancs, les côtes, le cou et les pieds… La sensation érotique stimule finement le corps. Ces stimulations peuvent déclencher des réactions corporelles puissantes, transformant la simple interaction en une expérience extatique. Pour certains, soumettre son corps à des créatures incontrôlables peut représenter une forme de lâcher-prise et de confiance totale, ouvrant la voie à une libération émotionnelle puissante.
Leurs phéromones, substances chimiques qu’elles utilisent pour communiquer, peuvent parfois induire des réactions inattendues chez les humains, amplifiant l’attrait pour ces créatures. Les sensations physiques, elles, varient considérablement d’une espèce de fourmi à l’autre. Les piqûres des fourmis de feu peuvent provoquer des douleurs intenses, tandis que d’autres se contentent de tapoter la peau de manière répétitive, de provoquer de légers picotements qui se muent en douce onde électrique.
Bien entendu, la formicophilie comporte des risques non négligeables. Les piqûres de certaines fourmis peuvent provoquer des réactions allergiques sévères, des infections cutanées ou même des chocs anaphylactiques. La version mille-pattes des IST ou «insectes sexuellement transmissibles», en somme.
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