Joseph Ndwaniye

Les fêtes, entre adaptation et partage (chronique)

Joseph Ndwaniye Infirmier et écrivain.

Pour les personnes dont la culture d’origine est très différente de la nôtre, les festivités de fin d’année peuvent être à la fois déroutantes et enrichissantes.

La période des fêtes de fin d’année, qu’il s’agisse de célébrer Noël ou le Nouvel An, est chargée de traditions. Une de celles-ci est le repas de réveillon en famille au cours duquel on échange des cadeaux. Pour les personnes dont la culture d’origine est très différente de la nôtre, ces festivités peuvent être à la fois déroutantes et enrichissantes. Les différences culturelles deviennent alors non seulement une opportunité de découverte, mais aussi un défi d’adaptation et d’intégration.

Chaque culture possède ses propres rituels. En Europe, Noël est marqué par des repas copieux, des échanges de cadeaux et des illuminations féeriques. Ailleurs, des défilés, des danses ou des visites de musées ponctuent les fêtes de fin d’année. Découvrir ces traditions locales, accepter une invitation, y participer, est une étape importante. Observer, poser des questions et contribuer, même modestement, à ces rituels sont des moyens efficaces de s’intégrer et de tisser des liens interculturels. Partager un plat traditionnel, raconter une histoire ou expliquer une coutume de son pays d’origine permet de valoriser sa culture tout en favorisant le dialogue.

Cependant, cette période peut accentuer un sentiment de solitude pour les personnes éloignées de leur famille ou celles issues de cultures où Noël n’est pas célébré. Elles peuvent ressentir un isolement renforcé par la fermeture des espaces publics et l’omniprésence des références à Noël. Pour certains, s’adapter à ces fêtes aide à trouver l’équilibre entre leur culture d’origine et celle de leur pays d’accueil. Adaptation qui, à nouveau, peut raviver des questionnements identitaires et la douleur du déracinement.

En Belgique, Noël est une fête très attendue, mais elle n’est pas sans ambivalences. Elle cristallise souvent les meilleures et les pires dynamiques familiales. Les réunions autour de la table, bien que synonymes de partage, peuvent aussi exacerber les tensions ou obliger certains à maintenir l’apparence d’un amour familial idéalisé. Ces festins forment un creuset émotionnel où s’entremêlent rancunes refoulées et efforts de réconciliation. Noël devient parfois une assemblée générale familiale, où la participation est perçue comme un impératif social, et où les cadeaux deviennent des symboles de reconnaissance ou d’amour. On fait bonne figure, on se promet de ne pas dire du mal d’autrui parce que c’est traditionnellement la soirée du grand pardon. Ne pas venir au repas peut être synonyme de rupture.

Certaines personnes vivent mal cette pression culturelle et émotionnelle.

Certaines personnes vivent mal cette pression culturelle et émotionnelle. L’angoisse de devoir choisir ou recevoir des cadeaux, de rencontrer des proches avec lesquels les relations sont tendues, ou simplement de répondre à l’injonction d’être présent, renforce ce malaise. En parallèle, il existe un mouvement croissant vers les approches différentes afin de briser l’isolement. Elles permettent de recréer un sentiment d’appartenance et d’éviter de se retrouver spectateur des célébrations des  autres. Il peut s’agir de privilégier la solidarité (par des initiatives communautaires telles que les repas solidaires), de rompre avec les traditions consuméristes, ou d’exprimer un rejet assumé de ces traditions réputées incontournables. Que l’on participe pleinement aux fêtes de fin d’année ou non, cette période reste universelle dans son esprit de partage et de réflexion.

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