Anne-Sophie Bailly
C’est confirmé, le gouvernement De Croo est devenu expert ès crises
L’élaboration du budget 2023-24 a confirmé que le gouvernement d’Alexander De Croo est bel et bien un gestionnaire de crise. Pour les grandes réformes annoncées – marché du travail, fiscalité, pensions- il faudra attendre.
On peut commenter abondamment l’action du gouvernement De Croo. Pointer la difficulté de mener une politique avec autant de partis à la table, la «particip-opposition» des uns ou la propension des autres à trop s’épancher dans la presse. Mais ce qu’on ne peut reprocher à ce gouvernement, c’est sa constance affichée. Celle de se poser en gestionnaire de crise permanent.
Lorsque la Vivaldi a été portée sur les fonts baptismaux, la crise sanitaire frappait la planète de plein fouet. Et exigeait des mesures immédiates, en matière de santé publique bien sûr, mais également pour prévenir la crise économique qui se profilait. Droit passerelle et chômage temporaire corona ont été mis en place. Des mesures linéaires. Dont on disait déjà qu’elles coûtaient fort cher. Qu’elles manquaient de ciblage et ne soutenaient pas nécessairement ceux qui en avaient le plus besoin. On a progressivement restreint leur portée.
On a aussi appelé les banques à la rescousse pour qu’ elles apportent leur écot et se montrent magnanimes, avec d’éventuels reports de mensualités. Et puis, on s’est tourné vers l’Europe pour centraliser la fourniture de vaccins.
On a creusé le déficit. Parce qu’il le fallait bien.
Deux ans plus tard, quand les factures énergétiques flambent, même plan de crise: mise en place de mesures non ciblées, chèques et TVA réduite, contribution bancaire, taxation des surprofits. On se tourne vers l’Europe afin qu’elle agisse de manière concertée pour plafonner les prix.
Et on a bouclé un budget sur deux ans. Parce qu’il le fallait bien.
A mi-parcours de son mandat, à 18 mois d’un retour aux urnes, compte tenu du contexte géopolitique, social et énergétique, les chances que la Vivaldi troque son costume de manager de crise pour celui de réformateur en chef sont infimes. Tant des réformes ambitieuses du marché du travail et des pensions pour aboutir à un taux d’emploi de 80% qu’un big bang fiscal étaient annoncés: ils restent aux abonnés absents.
Pourtant, c’est durablement que le pouvoir d’achat restera sous pression et que la compétitivité des entreprises européennes risque de se détériorer. Car c’est durablement que les prix de l’énergie demeureront élevés.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici