Thierry Fiorilli
C’est beau comme… le credo de la Fondation Laure Nobels (chronique)
Laure Nobels aimait écrire et voulait devenir écrivaine. Elle est décédée dans des circonstances tragiques, à 16 ans. Un an plus tard, ses parents ont créé une fondation a son nom, «pour venir en aide aux jeunes dont la passion est de raconter des histoires».
Elle s’appelait Laure. Laure Nobels. Fille unique et solaire d’Isabelle et Claude. A 14 ans, elle a écrit un premier court roman, Tommy. L’histoire d’un jeune gars, Thomas de son vrai prénom, révolté et en quête du grand, vrai et bel amour. Trois nouvelles, ensuite. En deux ans. Et où il est question de la grandeur et de l’honnêteté des sentiments, encore, de la vie d’une ado après la mort de sa sœur et de la difficulté d’être comme tout le monde alors qu’on se rêve héros ou héroïne. Laure, c’était entendu, voulait devenir écrivaine. Le 22 décembre prochain, elle aurait eu 29 ans. Mais elle n’a pas atteint ses 17; le 9 mai 2012, à Neder-Over-Heembeek, son petit ami l’a assassinée.
Un an plus tard, Isabelle et Claude ont créé la Fondation Laure Nobels, «pour venir en aide aux jeunes dont la passion est de raconter des histoires». Autrement dit, «pour financer et soutenir la publication et la promotion d’œuvres littéraires en français, écrites par de jeunes autrices et auteurs belges âgés de 15 à 24 ans». Tous les ans, un appel à manuscrits est lancé, un jury désigne les lauréats, les années paires pour les 15-19 ans, les impaires pour les 20-24 ans, et la Fondation prend en charge les frais d’édition, correction, impression, publication (aux éditions KER) et promotion de leur œuvre. Les lauréats reçoivent, en outre, une avance sur les droits d’auteur.
Au printemps prochain, les dixièmes prix seront décernés. En attendant, la Fondation, soutenue logistiquement par la Province du Brabant wallon et la Fondation Roi Baudouin, organise le 14 novembre prochain, dès 18 heures, en partenariat avec ULB Culture, au Coin culture, sur le campus du Solbosch, à Bruxelles, une rencontre-débat avec quatre lauréats du Prix Laure Nobels. L’événement, gratuit, accueillera aussi Lisette Lombé, poétesse nationale 2024-2026. Marraine de la rencontre, elle lira un texte, rédigé par elle, qui appelle à renforcer la lutte contre les violences envers les filles et les femmes, commises envers et contre tout, encore et toujours, ici et partout, par toutes les générations.
Il y sera donc question de littérature, de slam, d’écriture, de mots, brandis et scandés comme autant d’étendards. Parce que c’était l’un des modes privilégiés d’expression, d’épanouissement et de transmission de Laure. Pour élever les mentalités, grandir les comportements et annuler ces héritages culturels qui font que, depuis des siècles, tant de garçons et d’hommes s’avèrent être, pour leur compagne, des bourreaux. Pour rendre «les gens» meilleurs, finalement.
Anéantis, évidemment, Isabelle et Claude –qui n’a survécu que onze ans à sa fille– auraient pu s’emmurer. Verser dans la vindicte. La haine. L’agitation des ténèbres. Mais c’est le soleil de Laure, inextinguible, qui a pris le dessus. Avec cette conviction que, plus on les poussera à créer, moins les jeunes risqueront de détruire. Magnifique credo, merveilleux défi, fabuleux combat. Surtout connaissant les circonstances qui en sont à l’origine. Preuve que le plus terrible des drames n’élimine pas forcément toute trace d’humanité. Ou d’espérance en elle.
Laure n’aurait pas contredit.
Avec cette conviction que, plus on les poussera à créer, moins les jeunes risqueront de détruire.
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