Il n’en existe qu’un seul individu au monde, qui renaît rajeuni, selon la légende, d’un bûcher de plantes aromatiques, pour revivre les temps heureux d’autrefois.
Comme on pleure, parfois, tant on dégorge de bonheur, on désigne des splendeurs par des termes plutôt proches des ténèbres. L’heuchère, par exemple, toute rustique, prospérant dans des jardins ébouriffés, aux manières de maquis, dont on sait qu’ils décident, eux, de ce qui y poussera, où et quand. Tenter de reproduire les couleurs et dessins de cette fleur rend fou. Alors, on l’a surnommée «le désespoir du peintre». Ça a une autre gueule que l’heuchère, quand même. Il y a de tout ça dans le cliché qu’ @SpaceHub_SL a tweeté, le 14 mai. La photo montre l’Etna, la veille, de nuit, surplombant Catane. Le volcan, le plus haut d’Europe (3 357 mètres), le plus remuant, aussi, fait à nouveau des siennes, du côté de son cratère sud-est, le dernier-né (en 1978) de cinq. Le benjamin, et le plus turbulent.
Le site du tour opérateur Go-Etna avance ainsi que, dès sa première irruption, il «a prouvé qu’il n’était pas de passage», qu’il était là «pour écrire l’histoire. Et nous vivons cette histoire aujourd’hui», que «c’est comme s’il avait aspiré la force vitale des “grands frères”», qu’à quelques fumigènes près lancés par le cratère central et celui du nord-est, désormais, il «résume à lui seul la principale activité volcanique de l’Etna». Parce qu’il n’a jamais cessé de gagner en énergie, puissance et prestance, jusqu’à créer de nouvelles ouvertures. Au point que, depuis 2018, «l’appareil du cratère sud-est réserve une surprise chaque mois! Les bouches à l’intérieur (et à l’extérieur!) ne sont plus comptées. Avant les événements paroxystiques de 2020-2021, il y en avait environ quatorze»! Et donc, «le sud-est n’est plus « le petit fils de maman Etna« . Aujourd’hui, c’est un adulte féroce et puissant, qui a pris le commandement ultime. Ses nombreux “enfants” ne sont que l’expression d’une terre en mouvement: il se trouve sur une plateforme délicate et affectée par une large fracture qui, en fait, “divise” la montagne.»
Il n’en existe qu’un seul individu au monde, qui renaît rajeuni, selon la légende, d’un bûcher de plantes aromatiques, pour revivre les temps heureux d’autrefois.
Sur la photo, on distingue parfaitement la fracture. C’est là que s’est infiltrée la lave, la nuit du 12 au 13 mai. Y figurant un oiseau, qui survole le dôme, les habitations, les humains. Un phénix, forcément. Celui qui vit parfois mille ans, qui ressuscite, qui symbolise tout ce dont la mort n’a pas raison, certains cycles de cette nature qui finit toujours par reprendre ses droits, et sa superbe. Celui, décrivait au XVIIIe siècle le scientifique suédois Carl Linnæus, «dont il n’existe qu’un seul individu au monde, et qui, quand il est décrépit, renaît rajeuni, selon la légende, d’un bûcher de plantes aromatiques, pour revivre les temps heureux d’autrefois».
Fabuleuse légende à apposer sous ce fabuleux tableau, que l’Etna a réalisé sans trucage ni intelligence artificielle. Sans que bronche le signal sismique enregistrant l’intensité éruptive et affublé d’un nom de créature maléfique dans l’univers fantasy: «le Tremor» . De quoi ne désespérer personne. Face à si époustouflant, il n’y a qu’à admirer. Et admettre que, même ravagée par nos petitesses, cette planète nous survivra.
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