Selma Benkhelifa
« Si Mahsa Amini avait demandé l’asile en Belgique, on l’aurait renvoyée dans son pays »
En Belgique (comme ailleurs), de soudaines militantes féministes se coupent les cheveux pour soutenir les Iraniennes, qui se révoltent après la mort de Mahsa Amini. « C’est gentil, cette solidarité… », ironise l’avocate Selma Benkhelifa. Qui pointe que les politiques feraient mieux de s’interroger sur la politique que mène le CGRA dans notre pays.
Depuis un mois, l’Iran est secoué par des manifestations de femmes, scandant « Femme – Vie – Liberté », suite à la mort de Mahsa Amini, tuée par des policiers de la brigade de surveillances des mœurs qui avaient jugé que son voile n’était pas bien mis.
Ce soulèvement est soutenu par de nombreuses activistes féministes de longue date, mais aussi par de beaucoup plus récentes amies des Iraniennes : des stars, des tiktokeuses et des politiciens se sont pris de passion pour la liberté en Iran.
En Belgique, une députée et une ministre se sont coupé les cheveux au Parlement en solidarité avec les femmes iraniennes. C’est gentil, cette solidarité. Pas très utile, mais pas méchant. Sauf que…
Si Mahsa Amini avait demandé l’asile en Belgique, on l’aurait renvoyée dans son pays.
Sans que personne – ou presque – n’en soit choqué.
Le Commissariat général aux Réfugiés (CGRA) dit régulièrement aux Iraniennes qui demandent une protection internationale la chose suivante :
En ce qui concerne le fait que vous deviez porter un foulard, il convient de noter que l’existence de restrictions vestimentaires ne suffit pas à elle seule à faire naître une crainte de persécution à votre égard …
Cette restriction est fondée sur les normes et valeurs islamiques et concerne les règles générales de droit applicables en République islamique d’Iran.
L’imposition de restrictions au droit susmentionné relève de la compétence souveraine des différents États nations. Le respect de la vie privée ne doit/peut s’exercer dans les différents Etats que dans des conditions et/ou des limites (légales) bien définies.
En d’autres termes, l’Etat nation Iran a bien le droit d’imposer les normes qu’il veut, à vous, femmes iraniennes de les respecter.
Ce type de décisions a des conséquences très concrètes. Le 23 septembre, alors que les manifestations en Iran étaient à leur comble, Aisha, 20 ans, a été expulsée par la Belgique, alors qu’elle invoquait ses craintes d’un mariage forcé et la violence de la police iranienne.
Si notre Parlement et notre gouvernement veulent se montrer solidaires des femmes iraniennes, peut-être devraient-ils interroger le CGRA sur sa politique ultra restrictive à leur égard. Accorder une protection internationale aux femmes iraniennes qui la demandent semble plus concret et plus utile que de se couper une mèche de cheveux.
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