Carte blanche
Réforme du statut d’artiste: le chemin s’ouvre enfin (carte blanche)
Le gouvernement fédéral vient de s’accorder sur la réforme du statut d’artiste. Un premier pas nécessaire, selon les députés Ecolo Marie-Colline Leroy et Matteo Segers. Qui pointent toutefois trois points d’attention suppémentaires.
Le gouvernement fédéral vient de s’accorder sur la réforme du statut d’artiste. Un premier pas nécessaire, selon les députés Ecolo Marie-Colline Leroy et Matteo Segers. Qui pointent toutefois trois points d’attention suppémentaires.
Pour les écologistes, l’aboutissement d’une première réforme sur le statut des intermittentes et intermittents des arts et de la culture est une avancée essentielle pour le monde de la culture mais pas uniquement. C’est aussi l’ensemble de notre société qui y gagne. Comme une revanche face à la crise sanitaire. Oui, ils et elles sont essentiels. Protéger les artistes et les intermittentes et intermittents culturels est une responsabilité démocratique. C’est aussi une réponse au redéploiement créatif et un engagement auprès des plus jeunes qui dorénavant pourront mieux construire leurs horizons.
Malmenés durant la crise sanitaire, les acteurs de première ligne (artistes, auteurs et autrices, plasticiens et plasticiennes, métiers techniques, de soutien et d’appui à la création) méritaient que l’État inscrive une refonte de leur statut et une considération réelle.
Pour écrire cette nouvelle page, il convenait de demander et d’établir des auditions des acteurs culturels à la Chambre des Représentants en 2020 puis, dès l’entrée au Gouvernement, d’augmenter l’enveloppe budgétaire de 75 millions. L’accord obtenu met chacun sur cette route.
C’est un résultat important pour un combat historique. Une lutte impulsée pour offrir une juste place aux personnes créatives et initiatrices d’idées et d’ouverture. Plus qu’un chemin, cette reforme s’ancre dans une volonté de justice climatique et sociale. Nous avons profondément besoin de rêves, d’imagination, de participation et de créativité pour assurer la transition. C’est au cœur de nos combats.
La réforme sur la table constitue une avancée majeure pour le monde des arts et pour les politiques culturelles. En effet, les écologistes ont défendu et obtenu l’ouverture facilitée au statut à de nombreux jeunes qui verront les conditions d’accès aux activités artistiques assouplies, la garantie d’une revalorisation des revenus, la meilleure prise en considération du travail invisibilisé, l’articulation plus souple avec les droits d’auteurs et l’intégration de la prise en compte des congés de maternité.
C’est aussi un combat pour l’alimentation de nos émancipations par des connexions avec la société
C’est aussi un tournant historique pour le monde culturel et pour la valorisation de l’ensemble de son écosystème. Les écologistes défendant depuis des années la reconnaissance de tous les métiers liés aux activités artistiques et pour l’ensemble des métiers techniques et de soutien. Des dispositions permettant aussi de considérer que les personnes exerçant dans le mondes des arts et de la culture n’ont pas une activité monolithique mais ouverte vers la société: enseignement, formation, contribution sociale et engagée… C’est aussi un combat pour l’alimentation de nos émancipations par des connexions avec la société: clowns d’hôpitaux, animations en espace créatif, actions citoyennes mais aussi relais avec les acteurs de la société civile, les coopératives, les organisations qui luttent pour un monde plus juste et plus durable.
Confier à une commission spécifiquement dédiée à ces métiers la reconnaissance, tout en intégrant à celle-ci une représentation adéquate des secteurs, c’est aussi donner des responsabilités au monde culturel et permettre d’alléger les charges administratives. La volonté étant de considérer chaque bénéficiaire comme une personne en pleine carrière sans discrimination.
Et si nous considérerons que cette réforme est un premier pas inscrit dans notre engagement à étendre un maximum les droits culturels et la protection des plus vulnérables, nous devons rester mobilisés sur trois points d’attention:
- Maintenir et renforcer la concertation étroite avec les secteurs mais aussi entre les niveaux de pouvoir.
- Garantir une attention spécifique pour celles et ceux qui ne pourraient pas entrer dans les cadres nouvellement établis. Et garder ouvertes les fenêtres vers des possibles plus ambitieux et plus protecteurs encore pour celles et ceux qui s’engagent dans des carrières culturelles.
- Assurer les droits inscrits tout en poursuivant l’assouplissement des cadres. Une lutte: soutenir et protéger mieux nos artistes et donc, notre société.
Marie-Colline Leroy, députée fédérale et présidente de la Commission Affaires sociales
Matteo Segers, député régional et chef de groupe à la Fédération Wallonie-Bruxelles
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