Jules Gheude
Pourquoi le paysage politique actuel ne sert pas la démocratie (carte blanche)
Entre la création de nouveaux partis et l’affaiblissement de certaines formations traditionnelles, le paysage politique apparaît plus morcelé que jamais. Pour Jules Gheude, essayiste politique, l’heure est à la simplification plutôt qu’à l’éparpillement.
Selon le dernier Baromètre du Soir-RTL, le Vlaams Belang, avec 25,1% d’intentions de vote, aurait la main pour mener les négociations en vue de la formation du gouvernement flamand au lendemain des élections régionales du 9 juin 2024. Le président de cette formation d’extrême-droite, Tom Van Grieken, a d’ailleurs fait savoir qu’il réclamait la constitution d’un gouvernement flamand avant même que ne s’ouvrent les négociations à l’échelon fédéral.
Une alliance avec la N-VA (22%) pourrait compter sur une majorité absolue au sein du Parlement flamand.
Mais une telle option n’a pas les faveurs de Bart De Wever, le patron des nationalistes flamands. Si les deux formations partagent l’objectif d’un Etat flamand souverain, elles divergent sensiblement quant à la manière de concevoir la gestion des affaires publiques. Pour faire barrage au Vlaams Belang, Bart De Wever propose donc un regroupement de certaines forces politiques afin de créer une vaste formation de centre-droit.
Il songe ici évidemment à l’Open VLD, qui boit la tasse avec 7,1%, et au CD&V, qui, avec 11,7%, est bien loin de la splendeur de son ancêtre CVP.
Seulement voilà qu’Hendrik Bogaert, ex-député fédéral CD&V, et Els Van Ampe, ex-députée bruxelloise et sénatrice Open-VLD, annoncent leur intention de lancer deux nouveaux partis, intitulés respectivement « Redelijk Rechts » et « Voor U ».
Une telle évolution, qui accentue l’éparpillement, n’est certes pas de nature à servir la démocratie. Une enquête récente du « Vif » et de « Knack » révèle d’ailleurs que 51% des Belges estiment que leur vote ne compte pas.
Voilà pourquoi il convient de tendre vers une simplification du paysage politique. Pas seulement en Flandre, mais aussi en Wallonie. Un grand parti qui regrouperait le MR, les Engagés et DéFi permettrait de jouer plus facilement l’alternance du pouvoir. Car, en 42 ans de régionalisation, le PS a tenu la barre (ministre-présidence) durant… 37 ans. Avec les résultats que l’on sait !
Invité, le 17 décembre dernier, sur le plateau de RTL, Didiers Reynders a déclaré que son ambition profonde était de poursuivre au sein de l’Exécutif européen pour un seconde mandat. Il n’a toutefois pas exclu de se porter à nouveau candidat à la présidence du MR, avec l’ambition de « rassembler les forces bien au-delà de notre potentiel actuel afin d’atteindre les 30% ».
Affaire à suivre, comme on dit…
NdlR: le titre et le chapô sont de la rédaction. Titre originel: « Un paysage politique trop touffu, qui ne sert pas la démocratie ».
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