Carte blanche
Pour une gestion plus efficace des chats errants
Chaque année, la Région bruxelloise prévoit un budget de 76 000 euros pour stériliser les chats errants. Pourtant, moins de 30 000 euros sont effectivement dépensés, déplorent les députés
Depuis janvier 2018, la stérilisation des chats domestiques est devenue obligatoire pour tout chat âgé de plus de 6 mois. Et pour cause, le chat est l’animal domestique préféré des belges. Notre pays compterait plus de 2,3 millions chats. Quand on sait que ce chiffre augmenterait en moyenne de 6% par an, la nécessité d’unir nos forces pour une gestion plus efficace et pragmatique de la population féline devient une évidence.
Une portée de chats, c’est en général 4 à 6 chatons, parfois plus de deux fois par an. « Laisser faire la nature revient souvent malheureusement aussi à leur donner la mort », relève l’association belge de défense des droits des animaux Gaia. Les refuges surpeuplés ne peuvent plus faire face à l’afflux de chats abandonnés ou trouvés. Résultat? Selon Gaia, « chaque année, plusieurs milliers de chats dans les refuges sont euthanasiés, faute de place pour les accueillir. »
Quant à ceux qui se trouvent en rue et sont nourris grâce à la générosité de personnes dévouées, leur liberté à un prix. Qui dit chat errant, dit souvent galère, absence de soins, et parfois hostilité de certains. Derrière un regard attendrissant, un ronronnements rassurant, le chat est aussi un prédateur. Avec son comportement de chasse instinctif, il est aussi un perturbateur potentiel pour la biodiversité. Rongeurs, batraciens, oiseaux ou encore papillons figurent parmi ses cibles. La stérilisation des chats est donc une nécessité et les pouvoirs publics, tout comme les citoyens qui prennent un ou plusieurs chats dans leur foyer, doivent en assumer la responsabilité.
Alors, que fait la Région Bruxelloise aujourd’hui pour la gestion errants?
Alain Maron, responsable de la gestion des chats errants prévoit un budget de 76.000 euros pour la stérilisation. Pas mal! Mais dans les faits, en moyenne, moins de 30.000 euros/an sont dépensés
Chaque année, le Ministre de l’environnement, Alain Maron, responsable de la gestion des chats errants prévoit un budget de 76.000 euros pour la stérilisation. Pas mal! Mais dans les faits, en moyenne, moins de 30.000 euros/an sont dépensés. Pourquoi? Sans doute parce qu’aujourd’hui, trop peu de communes s’investissent dans le challenge. Et pour cause : repérer et attraper un chat errant pour le faire stériliser n’est pas facile. Trouver des bénévoles n’est pas évident pour une commune. Aussi empathique soit un.e échevin.e pour mobiliser les adeptes de chats au trappage, garder leur motivation et leur disponibilité sur le long terme est difficile. Qui dit chat errant, dit bien souvent, nécessité de traitement de vermifuge, d’antipuce, etc. Combien de bénévoles peuvent-ils assumer de tels frais aussi dévoués soient-ils? Combien peuvent-ils assurer d’être prêt à assumer un trappage, un transport chez le vétérinaire etc. à tout moment ?
Quand on sait que 76.000 euros sont prévu au budget, que la problématique est réelle, et le budget régional n’est que très partiellement utilisé, il y a de quoi être dépité. A Auderghem, l’an passé, c’est grâce à la bienveillance et la détermination l’association Beline Pets and Hope que des chats errants ont pu être stérilisés. Impossible de continuer à abuser ainsi d’associations qui ne vivent que de dons de particuliers.
Alors que faire? Changer la loi, pardi! Et ainsi permettre l’utilisation d’une partie du budget régional, aujourd’hui non utilisé, pour établir une convention avec une association reconnue et spécialisée dans le trappage et la prise en charge de la stérilisation des chats errants et des soins afférent. Les communes pourraient ainsi prendre en charge la problématique de façon efficace en établissant une convention avec une association spécialisée dans le trappage. Alors cap ou pas cap? La balle est dans le camp de notre Ministre des chat errants, Alain Maron.
Jonathan de Patoul, vétérinaire et député Défi au parlement bruxellois
Florence Couldrey, échevine Défi du bien-être animal à Auderghem
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici