Etienne Dujardin
Port du voile à Anderlecht: « Ecolo devient un parti d’extrême-gauche digne de LFI » (carte blanche)
« Ecolo multiplie les prises de positions radicales et totalement minoritaires et s’enfonce en plein naufrage au point de dégoûter ses propres électeurs », estime Etienne Dujardin, juriste et conseiller communal MR à Woluwé-Saint-Pierre.
Les séquences catastrophiques s’enchaînent pour Ecolo depuis plusieurs semaines. Entre Zakia Khattabi qui hésite à qualifier le Hamas de mouvement terroriste et Céline Tellier qui ne démissionne pas suite à la gestion du dossier PFAS mais vire son collaborateur, le parti vient de rajouter le port du voile pour tous les fonctionnaires, position qui est assumée par la direction du parti au plus niveau. Le parti multiplie les prises de positions radicales et totalement minoritaires et s’enfonce en plein naufrage au point de dégoûter ses propres électeurs.
Le port du voile pour tous les fonctionnaires a été la dernière séquence de semaines déjà chahutées pour le parti vert. La motion déposée à Anderlecht a été un vrai coup de force, le parti écologiste a avancé seul, sans même respecter ses partenaires de majorité. Cet épisode laissera des traces auprès de ses partenaires. La population dans son ensemble reste très opposée à ce genre de propositions.
Avec la proposition d’Ecolo, ce sont toutes les digues de la neutralité de l’Etat qui cèdent. On est même au-delà du tract communautariste de 2019 (lire plus bas) qui avait fait perdre beaucoup de plumes aux Verts. Tout le monde comprend que les limites sont ici franchies. Avec son raisonnement que la neutralité d’apparence ne compte pour rien, Ecolo pourrait très bien défendre demain le port du voile pour les fonctionnaires du fisc, les magistrats et les policiers et poursuivre ses démarches communautaristes initiées petit à petit depuis l’ère des « accommodements raisonnables ».
En 2019, on avait déjà eu les premières alertes d’un positionnement allant vers l’extrême-gauche au sein des écolos. Kalvin Soiresse se définissait alors dans une interview comme « absolument anticapitaliste ». On avait également connu l’épisode désastreux pour le parti vert du tract communautariste de deux députés distribués sur les marchés bruxellois. Les auteurs du tract avaient dû le retirer en urgence en s’excusant; Alain Maron affirmant que le tract n’avait pas été avalisé par le parti et ne correspondait pas à la ligne politique des écolos. Mais les auteurs du tract doivent bien rigoler aujourd’hui, car leur propre parti, à peine quatre ans plus tard, va en fait encore bien plus loin. La dérive actuelle ne vient plus de quelques députés écolos quasiment inconnus du grand public, mais carrément de la direction du parti au niveau national. L’interview de ce week-end de la coprésidente, Rajae Maouane, dans la Dernière Heure est à ce niveau des plus intéressantes. En effet, elle classe son parti totalement à gauche et affirme même que « l’écologie politique sans lutte des classes, c’est du jardinage ». Elle y défend aussi le lien entre la cause palestinienne et le climat, et soutient à 100% l’autorisation du port du voile pour tous les fonctionnaires communaux à Anderlecht.
En 2019, Ecolo a bien performé aux élections auprès d’un électorat bourgeois et plutôt aisé qui voulait certainement plus de vert, plus de bio ou plus de « jardinage », comme dirait sa coprésidente. Cet électorat se retrouve aujourd’hui avec un parti qui prône la lutte des classes, qui préfère les centrales au gaz au nucléaire, et qui promeut un communautarisme décomplexé. Cet électorat a, en outre, été déçu par l’amateurisme et le sectarisme du parti. On pense à la gestion catastrophique de leurs ministères et à leurs dogmatismes sur des sujets comme le nucléaire et Good Move. Les récents sondages successifs n’étaient déjà pas très bons. Maintenant, Ecolo ajoute à cela une séquence de défense de la lutte des classes et d’autorisation du port du voile pour tous fonctionnaires communaux. Comment l’électorat va-t-il réagir au glissement de ce parti, qui se transforme petit à petit en Nupes (alliance des partis politiques de la gauche française, NdlR) belge tendance LFI (La France Insoumise, NdlR) ?
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En se transformant en un parti de gauche radicale, Ecolo n’est plus en adéquation avec une partie importante de ses électeurs. A chaque élection, après une participation au gouvernement, les Verts ont subi un échec cuisant. 2024 ne devrait pas faire exception sachant que beaucoup d’électeurs même de gauche ne sont pas favorables à cette fuite communautariste ni à cette défense de la lutte des classes et iront donc vers des partis clairs sur ces sujets. L’électeur se rendra compte que voter pour un parti qui se radicalise de la sorte, ne fera qu’accentuer le risque de division du pays et mènera dans le mur. Quels partis flamands, à part Groen, souhaitent en priorité gouverner avec les écolos ? Choisir des partis qui prônent un discours aussi radical que les écolos ne fera qu’accélérer la volonté des néerlandophones d’aller vers le confédéralisme.
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