Carte blanche
Les petits exploitants agricoles doivent avoir leur juste part dans la lutte contre le réchauffement climatique
Actuellement, seuls 1,7 % du financement mondial pour le climat sert à l’appui des petit.e.s exploitant.e.s agricoles. Déplorable, dénonce Fair Trade Belgium, qui rappelle que ceux-ci sont parmi ceux qui sont le plus touchés par les conséquences du changement climatique ET qu’ils produisent également pas moins de 35 % de la production alimentaire mondiale.
En avril 2021, la FAO a publié un rapport indiquant qu’environ 35% de la production alimentaire mondiale est produite par des petit.e.s exploitant.e.s agricoles. Ils/elles produisent du cacao, du café, du coton, des navets, ou encore du fromage de brebis sur des exploitations qui ne dépassent pas la taille de deux hectares. On estime que 84% des 608 millions d’exploitations agricoles dans le monde auraient une taille de moins de deux hectares, soit 510 millions exploitations agricoles. Bien qu’il y ait des différences énormes entre les différentes parties du monde, la part des petit.e.s exploitant.e.s agricoles dans nos assiettes et dans nos tasses peut difficilement être surestimée.
Un rôle environnemental important
Et leur importance ne se limite pas à leur part dans la production alimentaire mondiale. De manière générale, les petit.e.s exploitant.e.s agricoles utilisent des méthodes de production qui permettent de « développer de la biomasse et de la couverture végétale du sol, ce qui améliore la filtration de l’eau en cas d’inondations et la rétention de l’humidité en cas de sécheresse », selon un factsheet de la FAO sur l’agriculture paysanne et familiale en 2012. La factsheet continue en disant que « les pratiques traditionnelles des petit.e.s exploitant.e.s agricoles atténuent également le changement climatique en réduisant les émissions et en améliorant la séquestration du carbone dans le sol ».
Néanmoins, l’important rôle des petit.e.s exploitant.e.s agricoles est systématiquement ignoré. Leur voix ne compte pas suffisamment au niveau mondial et leur importance en tant qu’acteurs.trices clés d’un système agro-alimenataire durable n’est pas du tout reconnu. Une situation qui se doit urgemment d’être revue.
Une pression de plus en plus forte
Même si cette négligence, cet oubli structurel des petit.e.s exploitant.e.s agricoles n’est pas nouveau; le contexte actuel du dérèglement climatique rend leur reconnaissance plus urgente. Les petit.e.s exploitant.e.s agricoles peinent de plus en plus à subvenir à leurs besoins à cause des vagues de chaleur, des sécheresses, des inondations et de l’imprévisibilité générale liée au changement du climat. Comme l’a dit Alvaro Lario, président du FIDA début novembre : « De nombreuses communautés rurales n’ont pas le choix, elles doivent s’adapter sans tarder ou risquer une grave insécurité alimentaire à l’avenir ».
De plus, la situation s’est aggravée à cause des conséquences de la pandémie de Covid et la crise économique. Les petit.e.s exploitant.e.s agricoles se voient aujourd’hui confronté.e.s à des coûts de production grimpants qu’ils/elles doivent très souvent supporté.e.s eux/elles-mêmes. « Bien que le prix du cacao ait récemment augmenté d’environ 12 centimes d’euro/kg, cette augmentation est éclipsée par la hausse des coûts de production », affirme Yesson Moussa Yeo, directeur de Yeyasso, une coopérative de cacao certifiée Fairtrade en Côte d’Ivoire. « Le prix des engrais a triplé récemment et le prix de l’essence pour transporter les fèves de cacao s’envole également. Par conséquent, les rendements sont en baisse ». Une catastrophe, donc, pour les petit.e.s exploitant.e.s de cacao qui déjà ne gagnaient pas plus que 67 centimes d’euro par jour.
‘Fair Share’
C’est pour cette raison que les petit.e.s exploitant.e.s agricoles ont impérativement besoin des ressources financières additionnelles. Cela passe par des prix équitables et justes, payés par les entreprises ; mais aussi par une juste allocation des fonds publics destinés à combattre le changement climatique. C’est dans ce contexte que les petit.e.s exploitant.e.s agricoles ont droit à leur juste part en tant que producteur.rice.s important.e.s de denrées alimentaires : leur « fair share ».
C’est avec ce message que Fairtrade est présent à la COP 27 avec une délégation de producteur.rice.s africain(e)s, asiatiques et latino-américain(e)s de café, de cacao, de bananes et de coton. C’est un message important, parce qu’actuellement les petit.e.s exploitant.e.s agricoles dans ces parties du monde ont accès à seulement 1,7% des financements climatiques, ce qui ne reflète pas du tout leur importance au niveau de la production alimentaire. D’autant plus parce que cette année-ci, les discussions se portent aussi sur le « loss and damage », ou la compensation des pertes/dégâts à cause du changement climatique. Il sera important que dans ce cadre les pertes de récolte des petit.e.s exploitant.e.s agricoles soient explicitement reconnues. Par ailleurs, la Belgique vient d’annoncer un nouveau partenariat avec le Mozambique, focalisé sur le changement climatique. Selon la FAO il y aurait 3.2 millions de petit.e.s exploitant.e.s agricoles au Mozambique qui produisent du thé, de la canne à sucre, etc. Il faudra donc que leur rôle soit reconnu dans le cadre de ce nouveau partenariat et que les petit.e.s exploitant.e.s agricoles mozambicains aient droit à leur juste part, leur « fair share ».
Fair Trade Belgium
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