Carte blanche
Abattage sans étourdissement: les députés bruxellois ont nié les réalités scientifiques. Lamentable ! (carte blanche)
Gaia, la FéFRACAF et l’UWPA jugent sévèrement le récent vote du parlement bruxellois, qui autorise l’abattage sans étourdissement. « Une malhonnêteté intellectuelle et d’un cynisme inacceptable », condamnent-ils, en revenant sur tous les arguments scientifiques démontrant la souffrance des animaux.
En refusant l’étourdissement préalable obligatoire, le PS, le PTB, la majorité des députés bruxellois d’Ecolo et Les Engagés, sans oublier certains parlementaires de Défi, ont non seulement condamné consciemment des milliers d’animaux à une souffrance évitable mais ils ont aussi joué le jeu des communautaristes en se servant de multiples prétextes.
En cherchant à tout prix à justifier une position électoraliste intenable en dépit des nombreux éléments légitimant l’étourdissement préalable obligatoire, ils ont fait preuve d’une malhonnêteté intellectuelle et d’un cynisme inacceptable.
Consensus scientifique indéniable
Puisque cela semble encore nécessaire, revenons sur ces différents éléments.
La science d’abord, qui avec un consensus scientifique indéniable, rappelle que la souffrance infligée aux animaux est réelle. Les animaux égorgés sans étourdissement peuvent souffrir pendant plusieurs longues minutes, jusqu’à 12 minutes dans certains cas pour ce qui concerne les bovins.
La justice ensuite, qui avec la Cour Constitutionnelle belge et la Cour de Justice de l’Union Européenne, a validé le dispositif. Au total, 27 juges ont estimé que l’introduction d’une interdiction légale de l’abattage sans étourdissement (comme l’ont fait les régions flamande et wallonne) ne nuit pas à la liberté de culte. Cela constitue une mesure proportionnée et le juste équilibre entre la liberté de culte et l’intérêt du bien-être animal. La Cour Constitutionnelle explique que l’étourdissement avant la saignée est une mesure impérieuse afin d’atteindre l’objectif recherché : réduire au maximum toute souffrance évitable en appliquant correctement les techniques les plus efficaces et disponibles à ce jour.
L’opinion publique, qui se montre très majoritairement favorable à l’étourdissement obligatoire : 70% des bruxellois y sont favorables (Ipsos, 2022), 53% des musulmans y sont favorables ou sans opinion, ou encore 9 européens sur 10 soutiennent la disposition.
L’Arabie Saoudite ou l’Indonésie, qui compte près de 240 millions de musulmans mais aussi la Nouvelle-Zélande, plus grand exportateur de viande ovine halal au monde, acceptent l’étourdissement préalable.
La loi, qui depuis 2018, reconnaît que l’animal est un être vivant doué de sensibilité bénéficiant d’une protection particulière, mais aussi l’accord du Gouvernement bruxellois affirment la nécessité de protéger les animaux, reconnaissant leur état de vulnérabilité par rapport à l’homme.
La cohérence et l’honnêteté politique enfin, puisque plusieurs partis ayant soutenu l’étourdissement en Wallonie s’y sont radicalement opposés à Bruxelles.
Réduire la souffrance animale en le justifiant par la nécessité d’améliorer le bien-être animal dans son ensemble est un prétexte boiteux et fallacieux
Face à tant d’arguments favorables à l’étourdissement obligatoire, certains ont tenté de justifier leur position par la nécessité d’améliorer l’ensemble des conditions de vie des animaux d’élevage. Si l’on peut facilement s’accorder sur ce point, refuser de réduire la souffrance animale en le justifiant par la nécessité d’améliorer le bien-être animal dans son ensemble est un prétexte boiteux et fallacieux. L’un n’empêche pas l’autre, il suffit de transposer le débat à une autre thématique pour s’en convaincre : devrait-on réinstaurer la peine de mort sous prétexte que le milieu carcéral est défaillant ? Devrait-on autoriser les véhicules les plus polluants sous prétexte que les pays émergents manquent d’ambition en matière climatique ?
Mandataires: prenez vos responsabilités
La Wallonie a d’ailleurs voté l’étourdissement préalable obligatoire avant son Code Wallon du Bien-être Animal sans qu’on entende le politique – les mêmes partis qui ont voté contre à Bruxelles – s’en émouvoir. Quoi qu’il en soit, nous invitons les partis et leurs mandataires à (enfin) prendre leurs responsabilités, à s’engager formellement et à se positionner en toute transparence et en vue des élections de 2024 sur la question du bien-être des animaux d’élevage, y compris en matière de mise à mort.
Le citoyen attend désormais plus que de vagues déclarations d’intention, une visite de courtoisie dans un refuge ou des selfies avec un chien.
Le citoyen, tout comme les animaux, n’accordent aucune importante au bien-être électoral. Le citoyen, tout comme les animaux, méritent enfin le respect des valeurs éthiques qui, en 2022, caractérisent une société moderne qui a évolué pour un mieux par rapport au comportement vis à vis des êtres sensibles que sont les milliers de moutons et de bovins. Eux continueront à subir inutilement, car techniquement évitable, un des pires supplices que l’on puisse infliger à un animal : être abattu sans étourdissement. Le citoyen, tout comme les animaux, méritent des hommes et des femmes politiques qui honorent cette évolution éthique de réelle reconnaissance de la dignité de l’animal en tant qu’être sensible. Une majorité de députés bruxellois ont voté dans l’autre sens. Ils ont fait marche arrière en niant les réalités scientifique et juridique. Lamentable !
Michel Vandenbosch, président de Gaia
Jean-Marc Montegnies, président de la Fédération Francophone des Refuges Agréés pour Chevaux et Animaux de Ferme (FéFRACAF)
Sébastien De Jonge, président de l’Union wallonne pour la protection animale (UWPA)
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