Anne-Sophie Bailly

Attentat à Bruxelles, la folie de l’impuissance terroriste

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le risque de récupération politique par les extrêmes est majeur après l’attaque terroriste de lundi. Tout comme l’est la tentation d’opérer une certaine forme de restriction des libertés au nom de la sécurité intérieure. Ce serait accorder trop de pouvoir aux terroristes.

L’attaque terroriste perpétrée le 16 octobre à Bruxelles, qui a entraîné la mort de deux supporters de football suédois, a rouvert dans la population belge des plaies toujours douloureuses, quelques semaines à peine après la clôture du procès des attentats du 22 mars 2016. Attentat, victimes, terrorisme, fermeture d’écoles, chasse à l’homme, radicalisation, Conseil de sécurité, revendication par l’Etat islamique, hausse du niveau d’alerte de l’Ocam… la Belgique a renoué avec l’angoisse comme avec la sidération et l’incompréhension.

L’angoisse que des “loups solitaires”, plus nombreux, mieux organisés, davantage téléguidés, mais toujours mus par la haine de l’autre et la quête de vengeance, décident de passer à l’acte et de semer la terreur. Que le suivi des personnes radicalisées ou fichées S ne suffise à les empêcher de commettre le pire. L’angoisse du rappel brutal que le risque zéro n’existe pas.

La sidération que des ressortissants européens puissent être lâchement abattus parce que le carrousel à la désinformation a fait son travail de sape et attisé la colère. Que depuis des mois, les réseaux sociaux propagent des fake news (dont les contenus ne sont pas modérés par la suite) accusant les autorités suédoises de soustraire des enfants musulmans à leurs proches pour les confier à des familles chrétiennes.

Toute forme de renoncement, de restriction des libertés serait accepter la folie des actes de terroristes.

L‘incompréhension qu’une idéologie fanatique puisse semer la mort parce que, dans un pays, certaines personnes expriment des opinions différentes ou contraires aux valeurs prônées dans d’autres endroits du monde. Parce que les lois en vigueur dans un Etat permettent, au nom de la liberté d’expression et de rassemblement, que des pages du Coran soient piétinées ou brûlées. Et que pour des intégristes, cette forme d’expression d’une opinion – si offensante soit-elle – doit être punie. De mort.

Face à ces constats, le risque de polarisation des débats, de récupération politique par les extrêmes et leurs thèses sécuritaires et anti-immigration est majeur. Tout comme l’est la tentation d’opérer une certaine forme de renoncement, de restriction des libertés au nom de la sécurité intérieure.

Ce serait accorder trop de pouvoir aux terroristes. Ce serait le début d‘une acceptation de la folie de leurs actes.

Au soir de l’attentat, Alexander De Croo martelait : « Les terroristes doivent savoir que jamais ils ne parviendront à leurs fins, jamais ils ne nous feront plier. Leur violence prouve leur impuissance.”

Ne plions pas. Ne renonçons à rien.

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