Touche pas à mon poste: la décision de l’ARCOM a-t-elle impacté la rentrée de Cyril Hanouna? (analyse datas)
Manches retroussées, rires aux éclats, punchlines à tout-va, Cyril Hanouna a fait sa rentrée ce lundi, pour une première émission depuis la décision de l’ARCOM de suspendre la chaîne. Ce coup de tonnerre n’a pas altéré le ton polémique et provocateur de l’émission. La preuve en infographies.
Touche pas à mon poste a commencé sa rentrée sur les chapeaux de roue. Et évidemment, la décision de l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique en France) de suspendre les chaînes C8 (diffuseur de TPMP) et NRJ12 a été la pièce maîtresse de cette première émission. Un peu plus de 40 minutes sur les presque deux heures d’antenne y ont été consacrées. Sans surprise, les onze chroniqueurs ont considéré cette décision comme une «atteinte à la liberté d’expression», la «pire décision médiatique de tous les temps» allant jusqu’à évoquer une «dictature».
« Une décision extrêmement grave », selon Hanouna
Dans une tirade d’une trentaine de minutes en fin d’émission au cours de laquelle Cyril Hanouna parle de lui à la troisième personne, l’animateur revient à son tour sur cette polémique. Selon lui, l’ARCOM s’attaque à sa propre personne et ce sont les équipes qui en payent les pots cassés. «Baba» évoque une «certaine élite qui se réjouit de voir des gens au chômage» et d’une «décision extrêmement grave pour quelques conneries qui représentent 0,01% de ce qui est proposé dans TPMP». Dans ce long discours, il cite plus d’une fois son émission concurrente «Quotidien», qui selon lui, ne prend jamais d’amende pour des événements similaires. Il cite aussi le Rassemblement National et se targue de donner la parole au parti d’extrême droite.
De manière générale, l’émission se concentrait sur Cyril Hanouna. Sur les onze sujets abordés, quatre d’entre eux touchaient directement l’animateur. Au total, plus de la moitié du temps d’antenne de cette première émission lui était accordée. Ce constat se reflète aussi sur son temps de parole: Cyril Hanouna monopolise 64% du temps de parole total de l’émission. C’est bien plus que l’ensemble des chroniqueurs réunis.
Hors de question de contredire Cyril
Au cours de l’émission, organismes de presse, chroniqueurs, et personnalités politiques ou publiques, réfractaires aux opinions du présentateur de TPMP en ont pris pour leur grade. Gilles Verdez, chroniqueur souvent moqué par ses collègues et Cyril Hanouna, est la cible de prédilection du plateau. Attaqué plus de 20 fois le temps d’un direct, il est moqué, insulté, voire sifflé, pour ses idées de gauche. Cyril Hanouna lui rétorquera plusieurs fois qu’il est un ami de LFI (la France insoumise), parti avec lequel les relations sont particulièrement tendues depuis l’altercation virulente entre le présentateur et un des députés LFI Louis Boyard.
Il n’est pas rare, pour certains sujets, généralement clivants, de voir la majorité du plateau être d’accord avec Hanouna, et de tourner en dérision ceux qui ne partagent pas le même avis. Pour reprendre l’exemple de Gilles Verdez, on frôle l’hystérie lorsqu’il est question d’aborder le sujet du changement de nom à connotation raciste de certaines plantes. Il est le seul à valider cette initiative, contrairement aux autres qui l’interrompent à chaque prise de parole.
Impact limité
«La France Insoumise» est particulièrement pointée du doigt par certains chroniqueurs et Cyril Hanouna. Au total, l’ensemble du plateau s’est attaquée douze fois à ce groupe politique ou à deux de ses députés (Louis Boyard et Sébastien Delogu).
Etant donné le ton de l’émission de reprise, difficile de constater un quelconque impact de la décision de l’ARCOM sur le contenu et le positionnement de TPMP. Pour rappel, le retrait de C8 et d’NRJ 12 sera effectif en février 2025. La direction de C8 entend de son côté faire le nombre de recours nécessaires pour éviter cette décision.
Thomas Renard
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici