![](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w680/h0/4698982/b823276984z-1-20220824115155-000gra3v5egg-1-0-jpg.jpg)
Virginie Demilier, saison 1
![Le Vif](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w150/h150/5172353/le-vif-profielfoto-copie-jpg.jpg)
Elle est depuis l’an dernier à la tête du Théâtre de Namur. Une direction qu’elle envisage plurielle. Et ouverte: aux mondes, aux différents quartiers et publics.
Elle est devant nous. Claire, franche. Virginie Demilier nous présente la nouvelle saison du Théâtre de Namur. Ses mains cadrent l’entretien, sa voix posée en cite les contours, ses yeux et son ton vibrent de l’impatience du partage et de la subtile modification de direction du paquebot namurois, dirigé depuis sa création, en 1996, par Patrick Colpé. Une nouvelle direction qui se noue de liens: aux (nouveaux) publics, d’abord et avant tout. Un lien qu’elle souhaite tisser dans le temps: «C’est un travail de longue haleine: toucher quelques personnes, puis essaimer.» Il se traduit, entre autres, par «La Clique», une proposition adressée deux fois par mois durant une année à douze jeunes de 15 à 18 ans. Une première fois pour les emmener découvrir une pièce, une seconde pour qu’ils rendent compte de leur expérience en podcast. Puis, aussi, par «L’ école du spectateur», un projet proposé à de futurs profs à qui le Théâtre de Namur permet d’assister à cinq spectacles de la saison, de visiter les coulisses, de rencontrer les artistes et de participer à des discussions après le spectacle. Histoire de donner l’envie de donner l’envie de théâtre à leurs futurs élèves. Mais le lien, c’est aussi celui créé avec les Abattoirs de Bomel, le centre culturel (CCN) désormais jumelé au Théâtre de Namur.
J’ai appris qu’il ne faut pas mettre des administrateurs à la tête des lieux de spectacle, plutôt des gens qui comprennent les besoins des artistes.
Face à Virginie Demilier, le jour de notre rencontre, Vincent Hennebicq. Le comédien et metteur en scène est l’allié artistique de la directrice pour la programmation et le développement de projets. «Je ne suis pas une artiste, avoue-t-elle. J’ai besoin de cet appui pour accomplir au mieux la mission qui m’est confiée.» Le cœur de cette mission? Les expériences singulières. «Nous voulons développer des projets protéiformes. Proposer du cirque, de la danse, du théâtre. Rien de bien nouveau, concède-t-elle, mais l’idée est d’intégrer le spectateur, quelles que soient ses références, son parcours, son identité, lui offrir une expérience forte. Et permettre des moments spéciaux, comme ceux au cours desquels nous inviterons le public à manger lors des représentations, avec une configuration de salle différente.»
![Toucher de nouvelles personnes, essaimer, telle est la mission que s’est fixée la directrice du Théâtre de Namur.](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w680/h0/4698983/b823276984z-1-20220824115155-000gra3v5egh-1-0-jpg.jpg)
Flash-back 1, les débuts
Tarte à la crème, ce propos? Peut-être. En tout cas, dans l’air du temps. Pour Virginie Demilier, il s’ancre dans une expérience personnelle de théâtre et de partage. «Ado, je consommais du théâtre. J’en faisais, j’y assistais, je le vivais.» A entendre les vibratos dans sa voix, on la croit. «J’ai toujours aimé aller au théâtre, puis y emmener les gens.»
Pourtant, dans un premier temps, c’est plutôt les chiffres qu’elle étudie, avant de devenir project manager chez Belgacom. La bruxelloise jongle avec les tableaux Excel et les budgets avant de se dire que son avenir est ailleurs. Elle quitte son CDI et sa vie rangée, «rattrapée par le théâtre». Direction le Centre d’études théâtrales de l’UCLouvain (CET) pour un master en arts du spectacle. Son idée est alors très claire: «J’avais un savoir technique de la gestion que je pouvais mettre au service de ce que j’aimais, le théâtre. Je savais par où commencer un projet, identifier les intervenants autour d’une table de réunion, bref, mettre le côté hyperpratique des mes connaissances au service de rêves artistiques, gérer ce quotidien particulier de la meilleure façon qui soit.» Parce que la direction d’un théâtre est un travail de cheffe d’orchestre qui nécessite de connaître les instruments et les musiciens.
Flash-back 2, les suites
Encore étudiante au CET, le Théâtre de la Toison d’or puis le festival de Spa et le Théâtre national lui font confiance. «Je crois fondamentalement aux rencontres essentielles, confie-t-elle. Pour moi, ce fut Nathalie Uffner, qui m’a accordé toute sa confiance dès le début, et Jean-Louis Colinet. D’ eux, j’ai appris qu’il ne faut pas mettre des administrateurs à la tête des lieux de spectacles, plutôt des gens qui comprennent les besoins des artistes.»
Elle l’a aussi (surtout? ) compris lorsqu’elle était directrice de production de la compagnie Artara. «Mon boulot, je le faisais lors des répétitions. J’ai appris ce qu’était réellement le travail d’un éclairagiste, la réalité de plateau, une machine à fumée… ces choses concrètes qui font un spectacle. Je reste persuadée que si on ne croit pas à 100% à ce qu’on soutient, on ne peut pas le porter. Il faut l’amour de l’artistique pour accompagner ce genre d’aventures.»
Demain
Reste un futur à dessiner pour cette entrepreneuse du théâtre qu’est devenue Virginie Demilier. A ceux qui diront que c’est parce qu’elle est une femme qu’elle est à cette place, elle répondra, mains franches, voix sereine, yeux déterminés, que ce discours est fatigant. «Je n’ai pas envie de répondre à ça. Il existe des mouvements féministes qui font très bien leur taf, que je soutiens, et qui luttent contre ce genre de propos. Moi, je sais pourquoi je suis là. J’ai ma place. Il était temps que les choses changent. Avoir hommes et femmes à égalité autour de la table, ça crée des possibles. J’espère que ce n’est qu’un début.»
On ouvre!
Le Théâtre de Namur démarre sa saison par un «week-end d’ouverture». Au Théâtre, les 9 et 10 septembre, il y aura du cirque avec Yé! (L’eau! ), performance pour acrobates et danseurs avec, au centre du discours scénique, la conscience climatique. En lien avec ce projet, un événement participatif autour du foot (de cirque) se tiendra dans les rues de la capitale wallonne dès le 7 septembre. Au CCN, Libres!, un spectacle musical et tout public sera présenté le 11 septembre, à 11 heures, après un petit déjeuner à 9 h 30 au même endroit. Du moins si vous êtes réveillé après avoir suivi, la veille, le DJ set de Rokia Bamba au Théâtre. Enfin, le 11 septembre également, toujours au CCN, des ateliers seront proposés dès 14 heures.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici