Verhofstadt II dans la glu
Après ses ennuis cardiaques, Guy Verhofstadt espérait retrouver le sens des vraies priorités. Mais l’obsession communautaire le ramène déjà au ras des pâquerettes
Jamais, dans l’histoire récente du pays, on n’avait vécu pareil scénario. D’une trêve à l’autre, d’un congé scolaire au suivant, le gouvernement Verhofstadt reste empêtré dans les mêmes difficultés. Rien n’évolue. Tout est bloqué. Plus aucune décision d’envergure n’est possible parce qu’un dossier mineur, mais hautement sensible, paralyse toute autre activité û Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), pour ceux qui auraient vécu sur une autre planète au cours des douze derniers mois. » La situation est confuse » ou encore » le désarroi est total « , convient-on dans les cabinets ministériels, où les rumeurs d’une crise imminente sont démenties de semaine en semaine, telle une rengaine obsédante. Car ce gouvernement maudit ne » peut » même pas tomber. Personne n’a d’intérêt stratégique à siffler la fin de partie. Et pour cause : le parti du Premier ministre Guy Verhofstadt, le VLD, reste à la traîne dans les sondages (il est parfois pointé à la 4e position en Flandre !), ses partenaires ne sont pas mieux lotis et le principal gros bras de la coalition, le PS, sort d’une mauvaise passe de petites affaires peu reluisantes, dont la dernière a ébranlé la présidente du Sénat, Anne-Marie Lizin. Non, décidément, rien ne va plus pour l' » équipe » socialo-libérale. Dont les chances de relance sont jugées infimes par de nombreux spécialistes. Geler BHV ? Le gouvernement de la Région flamande (dont font partie le VLD et le SP.A, également au pouvoir à l’échelon fédéral) n’y résisterait pas. Lui aussi paralysé, il attend la scission de l’arrondissement controversé comme une véritable délivrance. Et une crise en Flandre serait purement catastrophique : la montée aux affaires des extrémistes du Vlaams Belang constituerait la seule réelle alternative. Que peut, dès lors, espérer Verhofstadt ? Détourner l’attention vers les chantiers sociaux et économiques qui, en 2003, constituaient (déjà) l’urgence ? Le Premier ministre a tenté le coup, ces derniers jours. Au même moment, toutefois, une nouvelle polémique communautaire est venue ruiner ses efforts. Des ténors politiques flamands dénoncent le laxisme wallon dans le contrôle des chômeurs. Ce vieux dossier sulfureux ressort ainsi des limbes, assorti de demi-vérités flagrantes, exploitées au nord du pays pour stigmatiser encore et toujours cette » paresseuse » Wallonie (sans un mot pour Bruxelles, où le taux de chômage est alarmant). Ces leaders flamands stigmatisent le fait que les offres d’emplois ne sont pas adressées individuellement aux chômeurs wallons (ce qui est vrai), empêchant ainsi un contrôle serré. Ils » oublient » toutefois le fait que, ces derniers mois, suite à une précédente mise au point, c’est en Wallonie que les sanctions ont été les plus nombreuses à l’égard des personnes (de moins de 30 ans) sans emploi peu pressées de suivre la procédure d’accompagnement prévue à leur égard.
Philippe Engels
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