Une planification très attendue
Après des années d’errements dans les oubliettes de la Ville, le Schéma de structure communal semble enfin prendre la route de la concrétisation. Avec un gros objectif en point de mire : recentrer Namur sur elle-même.
Qu’une majorité politique se lance dans la planification maîtrisée de son territoire, rien de plus légitime à priori. Gouverner, c’est prévoir, dit-on : on se demande dès lors pourquoi c’est seulement en 2010 qu’une ville comme Namur, capitale wallonne depuis plus de deux décennies, concrétise une thématique aussi rudimentaire, quoique forcément complexe et cruciale. En juin dernier, le Schéma de structure communal, imaginé par des bureaux d’études en collaboration avec les services communaux concernés, passait pour prise de connaissance devant le conseil communal. Soit très exactement deux ans après que le collège a décidé de remettre à l’étude les schéma et règlement communal d’urbanisme lancés en… 1991, adoptés en 1999 puis tombés aux oubliettes. Que de temps perdu…
L’arrivée d’Arnaud Gavroy à l’échevinat de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire n’est certainement pas étrangère à cette nouvelle dynamique. Controversé, mal-aimé du monde immobilier, parfois tempéré par son bourgmestre Jacques Etienne, l’Ecolo (voir notre entretien en page 116) a le défaut de ses qualités : volontaire ou borné, selon les points de vue, il a le mérite de défendre bec et ongles une vision claire des matières qu’il couvre. Au c£ur des ambitions communales : recentrer Namur sur elle-même. Parce que le carburant pollue, coûte cher et qu’il faut limiter au maximum les déplacements vers le lieu de travail, l’école ou les lieux de socialisation. Parce que certains quartiers, laissés un peu en déshérence, ont besoin d’un contrôle social plus important pour retrouver leur dose de convivialité. Parce que » 1 100 kilomètres de voiries communales pour une cité qui ne compte que 110 000 habitants, ce n’est pas tenable « , disent en ch£ur le bourgmestre et son échevin.
Toutes ces raisons, conjuguées à la volonté collégiale de conserver des terres agricoles, de ne pas dénaturer outre mesure le patrimoine architectural local ou de ne pas densifier des zones qui seraient trop éloignées des lignes de bus ou des services (écoles, épiceries, etc.), sont au centre des préoccupations de ce nouveau schéma de structure. Un document d’orientation qui distribue notamment les densités d’habitat possibles par zone. Les schémas directeurs du plateau de Jambes/Erpent ou de Bomel/Saint-Servais s’inscrivent dans cette dynamique de planification : en clair, la Ville place les balises, les promoteurs et la régie foncière sont priés d’en assimiler les contraintes quand ils présentent leur projet. Ce qui a pu, manifestement, causer des frictions avec certains promoteurs.
» Vous voyez beaucoup de grues à Namur, vous ? «
» Rien qu’avec les zones de logements potentiels dégagées dans le schéma de structure, on peut envisager la construction de 2 000 nouveaux logements dans les dix ou quinze ans, en fonction de la vitesse des promoteurs, sans compter les plus petites parcelles que l’on pourra récupérer à gauche et à droite « , assure l’échevin Gavroy. Qui évoque, pour étayer ses propos, les possibilités résidentielles dégagées du côté des » branches de Saint-Marc et Belgrade » ou des réserves en terrain de la régie foncière, sans compter toutes les implantations de promoteurs privés. Pas moins de 995 hectares de terrains restent libres en zones habitables, pour le Grand Namur, alors que 1 021 hectares de surfaces agricoles pourraient potentiellement être urbanisés. Certains acteurs immobiliers reprochent à Arnaud Gavroy d’être fermé comme une huître à leurs projets. » Vous voyez beaucoup de grues à Namur vous ? Une ville, ça vit, ça doit renouveler ses cellules « , nous confiait l’un de ces mécontents avec une véhémence certaine. Il se pourrait que les grues finissent bien par revenir à la mode, dans la capitale wallonne.
GUY VERSTRAETEN
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