Une hardeur d’avance
Après quarante-six ans de carrière et trente-six de succès, les Scorpions, champions germaniques du metal mélodique, entament leur ultime tournée. Souvenirs subjectifs d’une saga à 100 millions d’albums qui, au décollage seventies, incorpore un batteur belge…
En 1975, les Sex Pistols fourbissent leur No Future et le rock s’ennuie dans des flatulences conceptuelles. D’Hanovre, débarquent alors Scorpions (sans » The « ), dont le nettoyage à sec musical, récure de vieux fantasmes hendrixiens via une nouvelle énergie tectonique. Choc des plaques entre Jimi, légende (morte) du rock américain et Uli (Jon Roth), guitariste flamboyant vampirisé par le style cosmique du précédent. Bien que fondé en 1965 par Rudolf Schenker – seul membre originel à ce jour – les Scorpions galèrent jusqu’à l’année érotique (1969) lorsque Klaus Meine, actuel chanteur, intègre la formation. Il faut attendre le second album, Fly To The Rainbow, paru à l’automne 1974 pour que le jeu d’Uli Jon Roth transvase sa propre idée du psychédélisme US dans une forme de heavy metal carnassier. C’est avec ce disque-là que la Belgique découvre le groupe, seuls continentaux à pouvoir égaler la puissance hard anglo-saxonne. C’est là aussi qu’on les voit in vitro dans une salle proche de Bruxelles : pour un adolescent des seventies même pas fan de heavy, la rencontre est cinglante. La dextérité de Roth et les fantômes hendrixiens lâchés en scène dans une jouissance juvénile, impressionneront. En tout cas jusqu’à l’avènement du punk. Avec In Trance (septembre 1975) et Virgin Killer (novembre 1976), le groupe s’impose internationalement, jusqu’au Japon, via une musique mélodico-brutale et des pochettes présumées sexy, aujourd’hui peu imaginables. En particulier, la seconde qui exhibe une fille prépubère dénudée, source de scandales postérieurs. C’est aussi sur ces deux disques qu’officie Rudy Lenners, batteur de la région liégeoise : ce seront ses quinze minutes de gloire. Pour des raisons jamais totalement éclaircies, Lenners – aujourd’hui enseignant, membre de Such A Noise et producteur de disques – quittera assez vite le bateau aux £ufs d’or.
Berlin Wall
1990. Lorsqu’on revoit les Scorpions en scène quinze ans plus tard, la messe du succès planétaire est déjà dite. A Berlin, le 21 juillet, invités à la représentation du très symbolique The Wall de Roger Waters, le quintet – privé de Roth depuis 1978 – incarne la réussite allemande. Désormais, à l’égal de VW ou Telefunken, Scorpions est une marque de la fameuse efficacité germanique supposée. Pas toujours subtile mais généreuse, la musique de la bande s’est aventurée partout, y compris dans les pays de l’ex-bloc communiste, avant que ce ne soit la mode, à coups de power ballads tonitruantes. L’une d’entre elles, Wind Of Change, composée pour la réunification de l’Allemagne, est sortie en 1990. C’est le plus grand succès du groupe et l’un des moments où les briquets devraient jouer aux lucioles en chaleur dans un prochain Forest-National bondé.
Le concert du 26 novembre à Forest-National est complet, mais pas celui du 1er juin 2012 au Sportpaleis d’Anvers, www.sportpaleis.be
PHILIPPE CORNET
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