Un fort potentiel de violence
L’assaut du Capitole en 2021 a montré la dangerosité des partisans de Donald Trump. Il ne faudrait pas grand-chose pour la raviver. De là à craindre une guerre civile…
On avait laissé Donald Trump exhortant ses partisans à marcher sur le Congrès le 6 janvier 2021. Ce qui fut fait, avec la violence que l’on sait. Après quelques apparitions en soutien à des candidats républicains aux élections de mi-mandat de novembre 2022 et l’annonce, ternie par la semi-défaite de ceux-ci, de sa candidature à la présidentielle de 2024, l’ancien président trouve dans l’inculpation pour maquillage de ses comptes de campagne en 2016 une occasion de braquer à nouveau les projecteurs des médias sur sa personne. Que ce soit pour des raisons négatives ou positives au tribunal de l’opinion, c’est ce qu’il préfère. Face à ce qu’ils considèrent comme «une persécution politique» orchestrée par l’establishment démocrate, comment ses partisans réagiront-ils?
Avant, la violence était condamnée par le leadership des partis dominants, ce qui n’est plus le cas du Parti républicain.
Certes, Donald Trump n’a sans doute pas intérêt, à ce stade, à électriser la situation. Mais l’assaut du Congrès il y deux ans a montré le potentiel de mobilisation et d’agressivité des sympathisants trumpistes. Et le contexte a fondamentalement changé. «Les Etats-Unis ont évidemment déjà connu des épisodes de contestation politique violente, dans les années 1920 ou 1960, mais la violence était alors condamnée par le leadership des partis dominants, ce qui n’est plus le cas du Parti républicain», observe l’historienne Maya Kandel, chercheuse associée à l’université Sorbonne Nouvelle, dans son étude «Quel avenir pour le trumpisme?» réalisée en janvier 2023 pour l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Le risque de voir survenir des violences serait plus grand si la justice inquiétait Donald Trump dans les affaires autrement plus sensibles de l’invasion du Capitole et de la détention de documents secret défense à son domicile. En août 2022, après la perquisition par le FBI de sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, dans le cadre de ce dernier dossier, une enquête du New York Times avait révélé que la plupart des commentaires sur Twitter des partisans de Donald Trump appelaient à la violence, «vue comme une résistance légitime contre le FBI et le gouvernement fédéral, accusés de persécuter l’ancien président», rappelle Maya Kandel. «Des élus comme Marjorie Taylor Greene ou Paul Gosar n’hésitent pas à tenir ce genre de propos, ce qui constitue une normalisation dangereuse dans un pays qui détient le record mondial d’armes à feu par habitant et de tueries de masse.» Dans un pays, aussi, où 169 groupes militaires privés opérant hors de tout contrôle ou autorité du gouvernement fédéral ont été recensés par l’organisation indépendante Southern Poverty Law Center…
Comment les électeurs républicains réagiraient-ils si Donald Trump était déclaré inéligible au terme des poursuites engagées pour son implication dans les événements du 6 janvier 2021? Au-delà de leur dimension judiciaire, les affaires pour lesquelles l’ancien président est poursuivi font peser sur la démocratie américaine, entre bénéfice indu en tant que «martyr» et risque de guerre civile, de lourdes hypothèques.
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