Un coup d’accélérateur pour la voiture électrique ?

Philippe Berkenbaum Journaliste

La voiture électrique a du retard à l’allumage. En cause, un prix élevé, le manque de soutien des pouvoirs publics et beaucoup trop peu de bornes de rechargement. N’empêche : les prévisions restent optimistes à l’horizon 2020.

A peine 360 véhicules électriques ont été vendus en 2011 et 6 000 voitures hybrides sur plus de 500 000 nouvelles immatriculations. Soit 1,2 % du total. En 2011, une étude conduite par McKinsey et Electrabel traçait deux scénarios pour l’avenir. Le plus pessimiste estimait que, sans soutien particulier des pouvoirs publics, la Belgique compterait 300 000 véhicules électriques en circulation en 2020, soit 6 % du parc automobile total, dont une majorité d’hybrides rechargeables.

Le second scénario envisageait une politique publique plus volontariste, avec incitants fiscaux, réglementations contraignantes et soutien au développement des infrastructures de rechargement, comme cela se passe dans d’autres pays comme la Norvège ou les Pays-Bas. Résultat : plus de 650 000 véhicules sur nos routes en 2020. Dans le premier cas, il s’agirait avant tout de voitures de société ; dans le second, les ménages se laisseraient largement convaincre à leur tour…

Utopique ? L’étude la plus récente, menée par le bureau spécialisé Pike Research, table sur des ventes mondiales de 827 000 véhicules de ce type par an en 2020, dont une grande partie en Europe.

La Belgique a pris du retard

 » C’est un marché en plein développement « , constate Joeri de Ridder qui représente chez nous la Fédération européenne des fabricants, fournisseurs, importateurs et distributeurs de véhicules électriques (Avere). Tout en concédant que la Belgique a pris du retard par rapport à d’autres pays européens. En cause ? D’abord, le prix des voitures. A l’achat, elles coûtent entre 10 000 et 15 000 euros de plus que les modèles à essence ou au diesel équivalents. Et depuis le 1er janvier, les primes et incitants fiscaux ont été sacrifiés sur l’autel du budget. Un solide coup de frein au développement du marché. Mais les prix diminuent progressivement. Et les voitures électriques coûtent moins cher à l’usage : 2 euros le km contre 6 euros pour le diesel, soit 400 euros d’économie par 10 000 km.

L’autre obstacle, c’est leur autonomie limitée : maximum 150 km pour un full électrique. Il existe différents types de bornes de rechargement sécurisées à installer au domicile ou au bureau, mais ce n’est pas donné – le Car Plug d’Electrabel est à plus de 1 000 euros. C’est cependant sur la voie publique que le bât blesse. Il n’y aurait actuellement qu’environ 400 bornes de rechargement sur le réseau belge, contre plusieurs milliers chez nos voisins, où des plans de déploiement ambitieux ont été mis en place.

La Belgique suivra-t-elle ? Une directive européenne lui impose d’en installer 21 000 à l’horizon 2020. Las ! Personne ne sait comment les financer. Certains opérateurs privés se lancent timidement, comme Blue Corner en Flandre ou Ze-Mo (en partenariat avec des intercommunales) en Wallonie. Mais il n’y a pas de secret : c’est dans les pays où les pouvoirs publics s’engagent en faveur des voitures vertes qu’elles connaissent le plus grand succès.

PHILIPPE BERKENBAUM

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