Un chantier en (bonne) progression
Le secteur touristique est en croissance depuis quelques années. L’arrivée du musée Magritte et de Square a accentué cette dynamique. Pour autant, il reste des thématiques à développer pour glaner encore des parts de marché.
Cocorico. Philippe Close, l’échevin socialiste en charge du Tourisme à la Ville de Bruxelles, n’a que des bonnes nouvelles à annoncer. Et seulement quelques nuances à ajouter. Car, si Bruxelles réussit relativement bien en termes de nuitées d’hôtels, il reste du pain sur la planche. » Grâce à Square et au musée Magritte, nous avons limité la casse en 2009. Mais tout porte à croire que 2010 battra, en termes de nuitées d’hôtel, les chiffres de 2008, qui était une année record « , lance Philippe Close. Les chiffres de l’Observatoire du tourisme de Bruxelles montrent en effet que le secteur hôtelier, très à la fête en 2008, a un peu tiré la langue l’an dernier. En 2009, l’activité hôtelière générale a perdu 1,4 % (5 197 256) de ses nuitées par rapport au pic de 2008 (5 271 014), résultat d’une inadéquation entre la santé du tourisme de loisirs (+7 %) et celle du tourisme d’affaires (- 8 %), très affecté par la mauvaise conjoncture économique ambiante.
Toutefois, la place de Bruxelles comme ville de congrès tend à s’améliorer, phénomène d’autant plus prégnant que Square, l’ancien palais des Congrès, a enfin rouvert ses portes en septembre 2009. La perspective de la création, d’ici à 2015 ou 2016, d’un centre de congrès supplémentaire du côté du Heysel, via le projet Neo, pourrait là encore doper ces chiffres.
Autre bonne nouvelle propice à bomber le torse de Philippe Close : les retombées économiques directes et indirectes des Plaisirs d’hiver, le marché de Noël géant du quartier Sainte-Catherine, ont été chiffrées à 22 millions d’euros par des chercheurs de l’ULB. » Longtemps, Bruxelles a été méprisante par rapport à son secteur Horeca. Or, s’il faut bien sûr préserver les emplois liés à notre tissu industriel, le secteur des services va clairement faire la différence. On a plus de lobbyistes à Bruxelles qu’à Washington ! Il faut potentialiser tout ça, créer de l’emploi autour des congrès notamment. Et ces emplois-là, qui ne sont pas délocalisables, doivent revenir à nos kets. Mon boulot, c’est de convaincre que l’effet levier des pouvoirs publics au niveau financement est essentiel : les nouveaux métiers de demain passeront entre autres par le tourisme « , poursuit Philippe Close.
Si d’aucuns reprochent à la ville d' » oublier » de prendre en considération les problèmes de mobilité engendrés par ces événements, il faut bien reconnaître que Bruxelles-les-Bains, Plaisirs d’hiver ou le Brussels Summer Festival, entre autres, contribuent à la fois à donner un surplus de convivialité à la capitale, mais également à gonfler les chiffres de l’Horeca. Bruxelles, qui se positionne désormais comme une ville centrée sur les city-trips de deux ou trois jours, peut combiner ses richesses architecturales ou muséales avec ce type d’événements.
Pour autant, il est difficile d’imaginer, comme le souligne Didier Gosuin, chef de file de l’opposition MR au parlement bruxellois, que des touristes viendront spécifiquement dans la capitale pour prendre un bain de soleil au bord du canal. » Les Plaisirs d’hiver ? C’est sympathique ; ça fait bouger la ville. Mais ce n’est pas ça qui fera débarquer des centaines de milliers de visiteurs venus de l’étranger. Nous devons encore accroître notre potentiel en matière touristique. On est bons dans le secteur des congrès, mais il y a encore des parts de marché à conquérir « , lance Didier Gosuin.
L’Europe, chantier touristique
De fait, quand on place, comme l’a fait l’Observatoire, Bruxelles sur la même ligne que d’autres villes européennes, on se rend compte qu’en dix ans le taux de progression de ses nuitées (+ 22 % de 1999 à 2009) a été l’un des plus faibles du lot. Budapest, Barcelone ou Berlin ont véritablement explosé touristiquement alors que, pour ne prendre que des villes de même ou de plus petite dimension, Stockholm (825 000 habitants) et surtout Amsterdam (765 000 habitants), réussissent davantage que notre capitale. Un travail important a été réalisé pour placer Bruxelles sur la carte des villes à visiter, mais il reste manifestement des efforts à accomplir. » L’image de Bruxelles est un bon produit qui se vend bien. Mais nous sommes encore en déficit de grands projets porteurs. Le seul que l’on a eu récemment, c’est le musée Magritte, porté par le fédéral. Il nous faudrait, me semble-t-il, une sorte de » Monsieur Musée » qui puisse créer des synergies et réfléchir à l’offre que l’on propose. Et au niveau des grands projets, on a parlé d’un Centre d’interprétation de l’Art nouveau ou de la création d’un musée de l’Europe « , poursuit Didier Gosuin.
Cette fameuse thématique européenne, Philippe Close est bien conscient qu’elle s’affiche comme l’une des principales faiblesses touristiques de la ville en ce moment. » Ce qu’il nous manque effectivement, c’est de mettre l’Europe plus en avant qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il faut que les visiteurs puissent avoir une vraie vision claire de la présence institutionnelle européenne ici. S’il y avait un grand chantier touristique dans la ville, à part le projet Neo, ce serait celui-là « , estime l’échevin de la Ville de Bruxelles, pour un quartier où l’on comptabilise tout de même 89 des 165 hôtels de la Région bruxelloise et 58 % des nuitées totales.
GUY VERSTRAETEN
» LES MÉTIERS DE DEMAIN PASSERONT ENTRE AUTRES PAR LE TOURISME «
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