Témoignage De Take Eat Easy à Deliveroo, en passant par la case SMart
Le 26 juillet dernier, Take Eat Easy s’arrête brusquement, victime d’une fringale budgétaire. En course depuis septembre 2013, la start-up belge de livraisons de repas à domicile n’est pas parvenue à boucler une troisième levée de fonds. Elle laisse des centaines de coureurs dans le fossé. C’est le cas de Willy, 24 ans, cycliste professionnel. » Je l’ai appris avec stupéfaction, comme beaucoup de coursiers « , confie-t-il. Willy roulait depuis janvier 2016 pour Take Eat Easy. Il avait même intégré l’équipe qui a lancé la plate-forme à Liège au mois de mai. » J’étais chef coursier. Je donnais des formations et je faisais aussi des livraisons. A Liège, ça cartonnait. Il y avait des commandes tous les midis et tous les soirs. » En France, la plupart des coursiers de Take Eat Easy n’ont pas été payés pour leurs prestations du mois de juillet. En Belgique, Willy et 400 autres coureurs passaient par l’agence SMart. Considéré comme salarié, il était couvert par un contrat de travail. Fin juillet, cette coopérative a confirmé qu’elle verserait bien le salaire de ces coursiers, pour un total d’environ 340 000 euros. Elle tentera ensuite de récupérer une partie de cette somme auprès du curateur de l’entreprise en redressement judiciaire. » J’avais trois ou quatre dates début juillet. Et j’ai déjà été payé « , confirme Willy. Mais pour les coureurs indépendants, la route est encore longue. Ils risquent de ne jamais recevoir leur salaire.
Willy, lui, ne compte pas quitter le peloton. Il s’est tourné vers Deliveroo, le principal (ex-) concurrent de Take Eat Easy. » Un ami m’a recommandé, ils m’ont contacté et j’ai eu une séance d’information quelques jours plus tard. Il a fallu postuler rapidement car, même si la demande va augmenter, beaucoup de coursiers ne seront pas repris. » Lui, en tout cas, y tenait. » J’adore le vélo, c’est mon moyen de transport principal, s’enthousiasme le coureur. Mais ce qui m’intéresse, c’est d’avoir différents métiers, essayer différentes choses. Je suis aussi technicien lumière, je gère l’éclairage d’une pièce d’opéra par exemple. Je pense qu’il est possible de vivre uniquement de ce travail, mais il faut avoir une bonne condition physique. Le midi, j’avalais 20 à 30 km en moyenne. Le soir, jusqu’à 50 km. En roulant bien, on pouvait gagner 2 000 euros brut par mois. Avec un job sur lequel on pouvait compter, quand et comme on voulait. » Vu les projets de développement de Deliveroo en Belgique, Willy espère retrouver très vite sa vitesse de croisière.
BASTIEN PECHON
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