Syndicat : peut-on encore vraiment tolérer l’opacité ?
Octobre – Manifestations à répétition, grèves multiples, blocage d’une autoroute qui prend un chirurgien au piège et sa patiente qui décède… Le droit de grève vit des heures difficiles en Belgique.
Les syndicats sont en train de perdre la bataille de l’opinion. Le citoyen en a assez des blocages, des prises en otage, des grèves à répétition… Le droit de grève existe et doit être garanti, mais on ne peut tolérer qu’un piquet de cinq personnes bloque des carrefours ou des zonings entiers.
Nous ne sommes plus au début du XXe siècle. Il existe d’autres moyens de se faire entendre que de brûler, casser, bloquer… Tout le monde a encore en tête les images de Raymonde saccageant un magasin de vêtements qui refusait de fermer durant un jour de grève. Effarante, également, la nouvelle de la touriste danoise décédée car le chirurgien était bloqué sur une autoroute par des membres de la FGTB. Accablantes, les justifications des manifestants qui mettaient le décès de la malheureuse sur le dos de l’hôpital et son absence de plan B. Quel manque de dignité ! Le citoyen se reconnaît de moins en moins – voire plus du tout – dans les actions syndicales de ces derniers mois. On ne peut plus excuser l’inexcusable.
La majorité des Belges ne comprend pas non plus les privilèges que s’octroient les syndicalistes. Il y a eu l’épisode du voyage à Cuba, organisé par le syndicat socialiste qui a coûté plus de 100 000 euros. On imagine que la base appréciera ces dépenses excessives… Il y a surtout les centaines de millions d’euros brassés chaque année par les syndicats. Il n’est plus normal qu’un organisme qui gère en partie l’argent du contribuable (via par exemple le paiement des allocations de chômage) ne doive pas rendre des comptes de sa gestion. Il est temps de mettre fin à un sentiment d’impunité, d’intouchabilité. Imposer une personnalité juridique au syndicat est normale. Il faut une transparence totale, tant sur les comptes que sur les responsabilités.
Plusieurs partis politiques semblent enfin prendre les taureaux par les cornes. Si la N-VA, le PP, le MR et l’Open VLD semblent vouloir avancer sur la question selon des modalités différentes, on voit que le CDH et le CD&V commencent aussi à sentir que l’opinion est sensible au sujet et qu’on ne peut plus tolérer l’opacité actuelle. Seuls le PS, le SP.A et le PTB semblent totalement fermés à toute évolution.
Nos conditions de travail sont parmi les meilleures au monde. Notre sécurité sociale est un joyau à protéger. A force de tirer sur la ficelle, les syndicats font fuir les investisseurs et risquent d’enrayer la croissance économique, seule garante d’une redistribution équitable des ressources.
Espérons que le politique prenne de vraies mesures dans les jours qui viennent pour contrer le flou actuel et demande aux syndicats d’avoir une personnalité juridique. Une majorité existe pour faire passer ce texte, et la majorité silencieuse, le citoyen lambda, le demande. C’est possible dans la quasi-totalité du monde. Pourquoi pas en Belgique ?
Etienne Dujardin
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici