Roulez, vieillesse
Passé un certain âge, les seniors ne sont plus toujours accueillis à bras ouverts par les assureurs. Certaines compagnies leur offrent toutefois des garanties
Pas toujours simple d’y voir clair quand il s’agit de conclure un contrat d’assurance adapté à ses besoins et pas trop onéreux. La branche automobile n’échappe pas à la tendance : chaque compagnie possède sa propre échelle de bonus-malus, ses propres critères pour déterminer les primes, sans oublier les promotions et offres temporaires fleurissant çà et là.
Le marché présente pourtant quelques lignes de force. Parmi celles-ci, la volonté de segmenter l’offre de produits. Et, conséquence directe de cette répartition du portefeuille en plusieurs catégories, des efforts pour récompenser les bons chauffeurs…
S’il est une tranche d’âge appréciée des assureurs en matière de sinistralité, ce sont les seniors. Au contraire des jeunes conducteurs, leurs statistiques d’accidents sont excellentes.
Pour fidéliser le segment des 50 ans et plus, certaines compagnies, dont Axa, Fortis AG, KBC et Les AP, ont supprimé la possibilité de résilier un contrat d’assurance auto sur la base du seul critère de l’âge. » Cette garantie répond à un besoin de sécurité pour les clients les plus âgés, explique Bertrand Roosen, responsable Développement Marché et Produits IARD chez Fortis AG. La possibilité de rompre une assurance en ne se basant que sur l’âge avancé du client était l’un des principaux griefs à l’encontre de nos produits. »
Chez Axa, cette garantie est offerte à tous les conducteurs passant le cap de la cinquantaine. » Les clients de cet âge-là ne s’identifient pas du tout aux septuagénaires, chez qui nous observons clairement une sinistralité accrue. Mais il s’agit d’une démarche à long terme, assortie d’un message : nous ne nous débarrassons pas de notre clientèle une fois qu’elle atteint un certain âge « , affirme Hélène Portegies, Product Manager Auto chez Axa.
Concrètement, il faut donc une coïncidence d’au moins deux critères pour que l’assurance auto d’un senior soit remise en question. Et les compagnies misent d’abord sur d’autres solutions. » En cas d’accidents à répétition, même bénins, nous prenons contact avec un expert indépendant, qui se chargera de faire un test de roulage avec l’assuré « , poursuit Hélène Portegies. Dans la plupart des cas, un examen ophtalmologique ou quelques aménagements sur le véhicule font l’affaire. Quelquefois, l’assuré est tenu de ne pas rouler la nuit ou de ne pas dépasser un certain périmètre. » Les cas où nous estimons qu’il faut arrêter purement et simplement de rouler demeurent rares « , fait observer Bertrand Roosen.
Bonus à vie ?
Pour obtenir la prime la plus avantageuse, il faut notamment prendre en compte l’échelle de bonus-malus. A terme, les seniors peuvent se prémunir d’une mauvaise surprise en tentant d’atteindre le seuil garantissant une prime plus basse. Un beau coup à jouer, mais qui nécessite un bilan quasi sans fautes pendant plusieurs années. Ainsi, chez KBC, la prime de la police responsabilité civile est réduite de moitié après cinq années de conduite sans accidents. La compagnie Fortis AG a instauré, quant à elle, un degré – 2 dans son échelle de bonus-malus : une fois ce seuil atteint, l’assuré bénéficie à vie de la prime la moins élevée.
Il y a quatre ans, l’attitude de certaines compagnies à l’égard des conducteurs âgés avait provoqué des remous dans le monde de l’assurance et auprès du public. Aujourd’hui, si la prudence demeure de rigueur quant aux clauses de l’assurance RC et aux conditions d’y accéder, les seniors peuvent néanmoins bénéficier d’une meilleure protection une fois passé le cap du troisième âge.
Olivier Standaert
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