Roger-Edgar Gillet
Souvent critiqué, parfois à raison, le métier de galeriste est, quand il infusé à la passion et à la bienveillance, le plus touchant qui soit. Quoi de plus émouvant que ces compagnonnages de plusieurs décennies qui mènent à la reconnaissance de talents trop occupés à ferrailler avec la matière et l’esprit pour s’occuper d’une quelconque carrière?
Pour sa nouvelle exposition, le galeriste Rodolphe Janssen livre une histoire exemplaire emplie d’humanité. « En 1957, âgé de 21 ans, mon père, Stéphane Janssen, acquiert son premier tableau de Roger-Edgar Gillet. Pendant plus de quarante ans, ils entretiendront une relation à la fois amicale et professionnelle à travers quatre expositions personnelles et l’acquisition d’une centaine de peintures et oeuvres sur papier. » Après le décès de Janssen père, pas question pour le fils de mettre un terme à cette fascination esthétique. Pour preuve, c’est à un moment symbolique fort, la Art Brussels Week, que l’intéressé a choisi d’inaugurer Stéphane Janssen – Roger Edgar Gillet, une amitié de 40 ans, une exposition dédiée au peintre français décédé en 2004. Face aux puissantes et exigeantes compositions lyriques de Gillet, il est difficile de ne pas penser aux vertiges de l’art informel, en particulier à la mystique rigoureuse d’un peintre tel que Jean Fautrier. Il est également question de fulgurances septentrionales, de Rembrandt à Ensor, mais aussi d’un univers partagé avec des artistes Cobra tels que Alechinsky et Reinhoud d’Haese. On ne peut que se réjouir de cette fidélité filiale incitant à redécouvrir un maître de la peinture des profondeurs, celle-là même qui nous invite à plonger en nous-mêmes afin d’y contempler des béances.
A la galerie Rodolphe Janssen, à Bruxelles, jusqu’au 10 juillet.
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