QUI SE SOUVIENT DE ROGER MORSA ?

Du talent. Ce fut la première qualité de Roger Morsa, alias l’agent LL8000. Ce Wallon installé en Flandre et au service du réseau Zig, s’est montré éblouissant.

En mai 1942, l’organisation Todt (un groupe de génie civil chargé de fortifier la côte et surtout de construire le mur de l’Atlantique) s’installe dans les locaux de l’abbaye Saint-André, à Bruges. Mais celle-ci ne possède pas de machine à reproduire les plans. Elle s’adresse alors à la seule administration publique qui en possède, le cadastre. Et quand ses ingénieurs débarquent avec leurs plans secrets, chacun est prié de dégager les lieux.

Géomètre au cadastre, Roger Morsa, 33 ans, est chargé de maintenir le matériel en bon état. Auprès de l’occupant, il va jouer un double jeu : intelligent, il va se faire passer pour un idiot. Sa  » réputation  » d’homme d’extrême droite plaide pour lui : il se balade, journaux pronazis sous le bras, et boit des pintes au bistrot avec des soldats allemands. Puis il met au point une stratégie d’une simplicité hallucinante : saboter la machine et, du coup, se rendre indispensable aux Allemands. Il en profite pour faire des copies supplémentaires des fameux plans… Il les transporte à vélo chez le docteur Pierre Glorieux, où ils sont microfilmés. Puis, à nouveau, il les amène chez un certain Christian Jooris, qui les envoie à Londres via les courriers à travers la France et l’Espagne. Entre août 1942 et août 1944, il a copié plus de mille plans détaillés de l’organisation allemande d’Amsterdam à Dunkerque, des liaisons téléphoniques, des champs de mines, des unités de divisions de Panzer en Belgique et en Hollande, des quartiers généraux et de défense du mur de Zeebruges, d’Ostende, de Bruges, de Bordeaux, de Rotterdam… Des informations capitales aux Alliés dans la perspective du débarquement de Normandie, en juin 1944. Ils connaissent tout des défenses de l’ennemi.

Roger Morsa est décrit comme l’un des plus importants agents de renseignement qui travaillèrent pour les Alliés. Winston Churchill écrivit dans ses Mémoires :  » Nous étions informés dans le détail sur les installations radars de l’ennemi dans les pays occupés. Je dois citer spécialement les Belges. En 1942, ils nous ont fourni environ 80 % de la masse des renseignements de tous les agents. Ils nous ont livré entre autres une carte de la plus haute importance des installations radars ennemis. Fin 1942, nous étions non seulement au courant de la manière d’opérer de l’ennemi mais aussi de la manière de l’atteindre.  » Un hommage à Roger Morsa.

Après la guerre, il demeura au cadastre, héros discret d’événements extraordinaires seulement connus de ses intimes. Il mourut d’un cancer du poumon à 41 ans.

S. G.

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