Pourquoi le revenu de base est l’avenir
Mai – Le revenu de base est de plus en plus évoqué dans les débats de société. La Finlande sera le premier pays en Europe à tester l’allocation universelle pour tous.
Le revenu de base est-il une idée utopique ? Oui, évidemment, tout comme l’instauration de la journée de travail de huit heures, l’abolition de l’esclavage et du travail des enfants l’ont été un jour. On sortait les mêmes objections : » C’est impayable ! Notre économie va s’effondrer ! » N’aurait-on pas commis un péché mortel en laissant primer les dogmes économiques sur les droits de l’homme fondamentaux ?
Suite à la globalisation, la numérisation et l’automatisation, le monde change de plus en plus vite. On voit augmenter l’inégalité, la polarisation et la radicalisation. Si nous nous accrochons aux institutions, idées et habitudes anciennes, elles se heurteront inévitablement aux nouvelles possibilités que nous offre la révolution numérique.
Le revenu de base n’est pas un remède miracle. Mais bien développé, le concept (1 200 à 1 500 euros en Belgique) offre une série de réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés.
Une alternative à l’échec du marché de l’emploi
Le revenu de base offre une alternative à l’échec du marché de l’emploi et à la hausse du chômage. Aussi faut-il dissocier un emploi payé, au droit à un revenu et à une vie décente. On peut profiter du fait que les robots et la technologie reprennent nos emplois. On peut mieux diviser le travail disponible et instaurer des semaines de travail plus courtes. On peut prendre le temps de faire du bénévolat, de l’entrepreunariat, de soigner les enfants et les personnes âgées, de suivre des formations et de s’épanouir, ou simplement de se poser et de réfléchir.
Le revenu de base est basé sur les principes d’équivalence et de responsabilisation. Tout citoyen percevra la même somme, indépendamment de son état civil, son niveau de vie ou sa position sur le marché de l’emploi. Ainsi, le revenu de base sape la polarisation actuelle entre ceux qui travaillent et ceux qui perçoivent une allocation, entre les différentes générations, et entre les fonctionnaires et les indépendants.
» Mais comment financer ? ! »
Pour financer le revenu de base, il faut instaurer un tax-shift des charges sur le travail vers la consommation (de luxe), la pollution, l’utilisation de matières premières, la robotisation, le capital et les transactions financières. Il est grand de temps de porter en compte les coûts réels de notre culture de production de masse, de consommation et du jetable et de passer à une économie durable et juste. De plus, la réduction de la bureaucratie offre une source de revenus et un shift de dépenses.
» Mais qui voudra encore faire les jobs de merde ? ! »
Il faudra mieux payer les gens qui se chargent de ces emplois. Est-il logique que ceux qui font un travail qui n’offre aucune plus-value à l’homme et à la société gagnent souvent beaucoup mieux leur vie que ceux qui entretiennent nos rues et nos bâtiments ou ceux qui soignent les enfants et les malades ? N’est-il pas grand temps de mettre fin à cette perversité ?
» Mais on ne peut tout de même pas abolir notre sécurité sociale ! »
L’instauration du revenu de base devra se faire progressivement, par le biais d’expériences locales et à petite échelle. Le montant devra également augmenter par étapes, tout comme la confiance dans le concept. On ne peut se contenter d’un revenu de base de 700 euros, car tant qu’il faudra des allocations supplémentaires, des contrôles et des tracasseries administratives, on ne peut parler d’un revenu de base à part entière.
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Sarah Van Liefferinge
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