Pourquoi Al-Qaeda frappe l’Europe

Après New York et Madrid, les terroristes islamistes ont pris pour cible Londres. Pas seulement à cause du soutien du gouvernement britannique à la stratégie de Washington en Irak. En la personne de Tony Blair, actuel président de l’Union européenne, c’est l’Occident et ses valeurs démocratiques qu’ils visent

Il est des lendemains de fête éprouvants, il en est d’autres effroyables. Dans ces mêmes rues de Londres où, quelques heures plus tôt, les Britanniques fous de joie célébraient le choix de leur capitale pour les Jeux olympiques de 2012, l’horreur s’est abattue sur terre et sous terre, de Liverpool Street à King’s Cross, d’Edgware Road à Tavistock Square. Dans le quartier financier de la City, une première explosion ébranle le tube, le célèbre et vétuste métro londonien, semant une panique indescriptible parmi les milliers de passagers qui se rendent à leur travail. Il est 8 h 51, le jeudi 7 juillet. En moins d’une heure, trois autres terribles explosions vont se succéder. La dernière pulvérise un autobus à impériale bondé.

Un groupe jusqu’alors inconnu, l’Organisation Al-Qaeda-Djihad en Europe, revendique aussitôt ces attentats sur un site Internet islamiste. Dans le même communiqué, il menace de s’attaquer à d’autres pays européens, comme l’Italie et le Danemark, s’ils ne retirent pas leurs forces d’Irak et d’Afghanistan. Pour le patron de Scotland Yard, Ian Blair, ces attentats coordonnés, qui ont fait au moins 52 morts et quelque 700 blessés, portent  » toutes les caractéristiques  » de la façon de procéder d’Al-Qaeda. Il n’en dira pas beaucoup plus. Fidèle à sa tradition, la police britannique restera extrêmement discrète dans les jours qui suivront le drame.

L’enquête s’est brusquement accélérée le 12 juillet. On apprend alors que le commando présumé, un groupe de quatre hommes, a été filmé par les caméras de vidéosurveillance de King’s Cross peu avant la première explosion. Les quatre suspects, de jeunes Britanniques d’origine pakistanaise, sont arrivés par le train dans cette grande gare dans le nord de Londres. Trois d’entre eux venaient de la région de Leeds, dans le West Yorkshire, au nord de l’Angleterre. Vingt minutes plus tard, trois bombes explosaient dans des rames qui étaient toutes passées par King’s Cross. Contrairement aux premières hypothèses élaborées, les sacs à dos contenant les bombes n’auraient pas été déposés dans les wagons : les terroristes seraient restés sur les lieux des attentats. D’après les enquêteurs, au moins un des quatre hommes a été tué par son engin. Ces conclusions semblent confirmer la piste d’actions suicides. Une première en Europe occidentale…

L’ère de l’indifférence à la dictature est révolue

En prenant Londres pour cible, les auteurs des attentats lancent un défi à Tony Blair. Fort de son bilan à la tête du royaume (un quasi-plein-emploi, une croissance supérieure à celle de la zone euro, un recul de la pauvreté) et de son charisme auprès des élites du continent, le Premier ministre britannique a aujourd’hui, face à Jacques Chirac et à Gerhard Schröder, décrédibilisés par leurs échecs et rejetés par leurs propres opinions, gagné la bataille du leadership de l’Europe à 25. Sa jeunesse û il a 52 ans û et son brio intellectuel l’ont rendu populaire de Tallinn à Madrid. Aux yeux d’une opinion européenne qui doute il apparaît, parmi les dirigeants occidentaux, comme le seul capable d’armer l’Europe dans le nouveau jeu de cette accélération de l’Histoire qu’est la mondialisation. Ce qui en fait, plus que tout autre, l’homme à abattre.

Avant même l’élection de George W. Bush et l’arrivée au pouvoir à Washington des néoconservateurs, Blair se fait l’apôtre, comme dans son discours de Chicago en 1999, de l’extension de l’idée démocratique :  » Nous ne pouvons tourner le dos aux conflits et à la violation des droits de l’homme si nous voulons encore vivre en sécurité « , plaide-t-il, alors, avec des accents quasi prophétiques. Parce que l’essor technique raccourcit l’espace et le temps à une vitesse que l’humanité n’a jamais connue auparavant, le Britannique a compris que l’ère de l’indifférence à la dictature est révolue et qu’il faut aussi accélérer le développement de la  » bonne gouvernance « , si l’on veut éviter de gonfler les rangs de l’islamisme armé. Il légitime ainsi comme un  » devoir moral  » la guerre au régime de Milosevic, accusé de  » nettoyage ethnique  » à l’encontre des Albanais (musulmans) du Kosovo. Et il plaide devant Bush pour un  » Etat palestinien viable « .

Une cible prioritaire pour les  » fous d’Allah  »

Dans les semaines qui suivent les sanglants attentats du 11 septembre à New York, il est à Mascate, Islamabad, Damas, Riyad, Amman, Gaza : le précédent kosovar est utile pour argumenter que le combat qui vient de s’ouvrir n’est pas un  » choc des civilisations  » ni une guerre de religions, comme Ben Laden entend le populariser auprès de la rue arabe, mais un conflit entre le  » monde civilisé  » et des terroristes qui se masquent derrière le drapeau vert de l’islam, qu’ils souillent par leurs actions. A cet égard, Blair est le correctif nécessaire d’un George W. Bush pataud, qui se fourvoie en évoquant, à tout bout de champ, Dieu ou sa juste  » croisade « , au risque de réveiller les susceptibilités d’un monde arabe qui n’a gardé de l’aventure médiévale que la mémoire d’un déferlement barbare et sanglant. Blair ou le meilleur avocat de l’Occident. Blair ou l’anti-Ben Laden raisonné û le vrai rival du Saoudien.

Notre mode de vie est bien plus fort et plus résistant que les actions d’un nombre réduit de fanatiques face à un monde uni contre eux, plaidait-il, le 3 octobre 2001, devant les délégués du New Labour. Ayez confiance ! C’est une bataille qui n’a qu’une seule issue possible : notre victoire, pas la leur.  » Derrière cet optimisme qui est le triomphe de la volonté commune aux grands Premiers ministres du royaume, de William Pitt (face à Napoléon) à Margaret Thatcher (contre la junte argentine), en passant par Winston Churchill, il y a le sentiment aigu de l’urgence.  » Si nous n’agissons pas, ce n’est qu’une affaire de temps avant que les questions du terrorisme et des armes de destruction massive ne se rejoignent « , prévenait Tony Blair, en janvier 2003. Ce constat a poussé le chef de gouvernement à faire adopter, en 2001, une législation controversée à l’encontre de suspects en relation avec des activités terroristes. Il doit encore faire voter l’introduction d’une carte d’identité obligatoire, une mesure perçue par nombre de parlementaires de tous les partis comme attentatoire à la liberté individuelle chère à tout Britanniqueà Le débat avait été reporté à l’après-élections. Reste à voir comment l’attentat de Londres en modifiera les données.

Pourtant, le Premier ministre britannique l’a maintes fois expliqué, à long terme, il n’y a pas de meilleure défense pour l’Occident que de voir essaimer les valeurs universelles qui sont aujourd’hui les siennes. Blair a souvent avancé une analogie entre une communauté de citoyens libres, éduqués, prospères, dont l’intérêt même est de veiller à la solidarité de cette communauté, et le système des nations qui sera d’autant plus stable que celles-ci seront démocratiques et en marche vers le progrès économique. C’est une des raisons qui expliquent sa détestation du système de protection de l’agriculture européenne au détriment de la production des paysans du Sud ; c’est aussi pour cela qu’il a placé l’exception africaine, seul continent englué dans le sous-développement, au menu des discussions du sommet du G 8 à Gleneagles. Mettre fin à la misère, c’est contribuer à assécher le marais où s’alimente l’hydre terroriste : à cet égard, le continent noir, travaillé par l’islamisme et en proie à la désespérance, pourrait s’avérer une bombe à retardement.

Curieusement, Londres n’a pas subi d’attentats avant les élections générales du 5 mai dernier. Peut-être grâce à l’efficacité des services de sécurité de Sa Gracieuse Majesté. Ou parce que les terroristes croyaient que l’alignement de Tony Blair sur la politique de la Maison-Blanche lui ferait perdre à coup sûr le scrutin. Frapper Londres en pleine campagne, c’était, il est vrai, assurer la réélection d’un Premier ministre enveloppé dans l’Union Jack autour duquel le peuple se serait rallié. Londres n’est pas Madrid.

La capitale britannique fait pourtant figure de cible évidente depuis longtemps. Pas seulement à cause du soutien de Downing Street à la Maison-Blanche dans l’affaire irakienne. Ni parce que la résolution de Tony Blair en fait un opposant de choix. Mais aussi parce que Londres présente aujourd’hui le visage de la mondialisation heureuse. C’est à la London School of Economics que viennent étudier les futures élites des cinq continents. A la City, poumon de l’économie britannique, banquiers et analystes de toutes origines et religions cohabitent en paix. Ici fleurit la presse arabe la plus libre au monde. Londres n’est pas seulement la capitale du royaume, ni même celle de l’Europe ou du Commonwealth, c’est, plus que New York, la vraie métropole d’un monde multiculturel et pacifique, qui croit au capitalisme et à la démocratie. A ce titre, elle ne peut être que la cible prioritaire des fous d’Allah. Car peu de Britanniques doutent que, s’ils sont visés, ce n’est pas tant pour ce qu’ils font û s’allier à l’Amérique en Irak û que pour ce qu’ils sont.

Eviter les conflits frontaux

C’est peut-être la raison pour laquelle, derrière Londres qui est frappée, c’est l’Europe et tout l’Occident qui tremblent. La France a fait passer son niveau de vigilance antiterroriste au rouge. Le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a annoncé l' » activation de tous les systèmes d’alerte et de prévention  » en Espagne. A Moscou, New York, Copenhague, Toronto, Budapest ou Varsovie , on a immédiatement renforcé la surveillance des métros et des gares.

Manifestement, les terroristes refusent d’être dupes de ce qu’ils croient déceler comme des man£uvres de l’Occident destinées à les amadouer. Hearts and minds. Conquérir les c£urs et les esprits. Rallier les  » indigènes  » plutôt que de cogner sans retenue. Durant plus d’un an, les 9 000 soldats britanniques déployés en Irak se sont accrochés à ce dogme. Non sans raison : fort d’un savoir-faire affûté en Irlande du Nord ou dans les Balkans, le contingent de Sa Majesté a, jusqu’au printemps 2004, tenté d’éviter les conflits frontaux. Un temps, la British touch a tranché sur l’approche méfiante et brutale des troupes américaines. On a vu les hommes de la Couronne patrouiller à pied, canon baissé, coiffés d’un béret, et non d’un casque lourd, ou n’user qu’avec parcimonie des véhicules blindés. On les a vus aussi apprendre des rudiments d’arabe, financer des projets artisanaux ou, en tenue de footballeurs, défier les locaux balle au pied. Il faut dire que les Inglizi û les Anglais û ont opéré d’emblée dans le Sud irakien, en pays chiite. En clair, dans une région où abondent les charniers, meurtrie depuis des décennies par l’ostracisme meurtrier du clan de Saddam Hussein, issu de la minorité sunnite. En avril 2003, les Britanniques entrent en libérateurs dans Bassora, métropole phare bâtie au confluent du Tigre et de l’Euphrate. Un an plus tard, puis en août 2004, l’illusion se dissipe : l’Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr, boutefeu chiite, assiège au mortier et à la roquette plusieurs fortins de l’occupant, tandis que des voitures piégées fauchent des dizaines de civils irakiens.  » La fin du camp de vacances « , soupire alors un officier. D’autres facteurs vont brouiller l’image des Inglizi : l’envoi, certes temporaire, d’un régiment écossais dans le secteur de Fallouja, fief de la guérilla islamo-baasiste ; les révélations quant aux sévices abjects, et parfois fatals, infligés à des détenus par leurs gardes-chiourme ; et la bienveillance affichée envers les miliciens chiites fraîchement rentrés de leur exil iranien.  » La faute la plus grave, nous confiait en janvier un enseignant laïque. Pour avoir la paix, les Anglais ont livré Bassora à une mafia de caïds islamistes.  »

Le 5 juillet, le Financial Times dévoilait un plan de redéploiement du contingent britannique. Il s’agirait de confier le maintien de l’ordre dans deux provinces méridionales aux forces de sécurité irakiennes, et d’affecter les personnels ainsi libérés û 3 000 hommes environ û en Afghanistan, là où l’on observe un regain d’activité des talibans et de leurs  » frères  » étrangers, affiliés pour certains à la mouvance Al-Qaeda. Nul doute que les tueurs de Londres ont aussi voulu châtier Tony Blair pour avoir envoyé un millier de soldats dans le bourbier afghan, défini dès 1998 par Oussama ben Laden comme le berceau du futur califat islamique. Une certitude : pas plus au pays de Hamid Karzaï qu’en Irak, les efforts engagés en faveur d’une posture moins belliqueuse n’auront valu aux Britanniques la moindre indulgence. Les islamistes dévoyés qui massacrent au nom du djihad relèguent ces  » infidèles « -là dans le même sac que leurs mentors américains.

Et pourtant, au Royaume-Uni, il existait, jusqu’à l’envoi d’un contingent anglais en Afghanistan, en 2001, une sorte d’accord tacite entre les autorités et les islamistes de Londres ou de Birmingham. Les termes de ce gentleman’s agreement étaient simples : les militants de l’islam radical sont libres de diffuser leurs idées à partir du territoire britannique ; en échange, les intérêts anglais n’étaient jamais pris à partie.

Pendant les années 1990, en particulier, ce compromis convient à merveille aux leaders de l’internationale islamiste. Pour ces derniers, Londres présente plusieurs atouts. D’abord, la législation applicable aux demandeurs d’asile y est plus souple que dans d’autres pays d’Europe et la liberté d’expression y est plus grande. Ensuite, la capitale britannique représente l’une des principales plates-formes de la finance islamique internationale. Enfin, la ville abrite de nombreux médias arabes : des grands quotidiens, tels qu’Al-Quds al-Arabi ou Al-Hayat, mais aussi des chaînes de télévision, telles que MBC, ANN et Al-Jazira.

C’est cet ensemble de facteurs qui fera de la Grande-Bretagne un pôle de communication islamiste sans équivalent. D’autant que le réseau Internet se développe pendant les années 1990 et que la Toile donne aux associations les plus marginales un écho sans précédent.

La fin du sanctuaire du Londonistan

A l’époque, alors, de nombreux chefs spirituels de l’islamisme international élisent domicile au Royaume-Uni, d’où ils apportent leur caution à différentes causes djihadistes, en Algérie, en Bosnie, en Tchétchénie ou au Cachemire. L’un d’entre eux, Abou Hamza al-Masri, est un religieux aveugle, amputé d’un bras, dont la mosquée de Finsbury Park accueille, dans les salles du sous-sol, des stages de maniement d’armes. Quant à Abou Qatada, un prédicateur palestinien d’origine syrienne, il aurait été, selon les services de sécurité britanniques, le père spirituel de Mohamed Atta, l’un des principaux auteurs des attentats du 11 septembre 2001 à New York.

Ces derniers vont précipiter la fin du Londonistan, selon l’expression apparue quelques années plus tôt dans la presse arabophone. Dès les derniers mois de 2001, dans une certaine précipitation, le gouvernement Blair modifie la législation et engage une vague d’arrestations. Le Royaume-Uni cesse d’être un sanctuaire. Plusieurs centaines de suspects sont arrêtés. Beaucoup échouent dans la prison de Belmarsh, à Londres, comparée régulièrement, dans les sites islamistes sur Internet, au camp de Guantanamo, à Cuba. De fait, les nouvelles lois antiterroristes, adoptées à la hâte, permettent l’arrestation d’étrangers sans qu’aucune charge soit retenue contre eux. La plupart des militants emprisonnés sont accusés d’avoir voulu organiser des opérations sur le territoire britannique ou d’avoir entretenu des contacts à l’étranger avec des auteurs présumés d’attentats.

La décision britannique, le 8 juin, d’extrader vers la France l’Algérien Rachid Ramda, soupçonné d’avoir financé les attentats de 1995 à Paris, et le procès de Abou Hamza, entamé le 5 juillet, sont les deux derniers exemples de cette sévérité nouvelle. Reste que la politique répressive de Londres n’a pas toujours atteint les objectifs visés. En avril 2005, seul 1 des 9 suspects d’origine nord-africaine soupçonnés d’avoir fomenté un complot terroriste à la ricine a été condamné à la prison. Quatre autres ont été acquittés et les procédures engagées contre les trois restants ont été abandonnéesà

Londres n’est évidemment pas la seule à s’interroger sur ses systèmes de protection contre le terrorisme. L’Italie et le Danemark sont des cibles maintenant désignées et, à Rome, Silvio Berlusconi n’a pas cherché à minimiser la réalité de la menace.

Parce que celle-ci plane sur toute l’Europe sans exception garantie (lire ci- dessus), l’Union a donné un coup d’accélérateur, au moins symbolique, à l’harmonisation des mesures préventives. Mercredi 13 juillet, les ministres de l’Intérieur des pays membres se rencontraient à Bruxelles pour un sommet décidé au lendemain des événements londoniens. Personne n’attendait de cette rencontre des décisions fermes.  » Ces choses-là prennent du temps et demandent de longues réunions d’experts « , rappelle ainsi le cabinet de Patrick Dewael, ministre belge de l’Intérieur. Malgré les progrès déjà accomplis en la matière, le travail, en effet, est colossal : partage d’informations sensibles, rétention des données informatiques, mandat européen, protection des infrastructures, coordination des actions entre services secrets. Sur ce dernier aspect, on revient de loin. Entre Londres et Paris, par exemple, les divergences ont longtemps porté autant sur le niveau de la menace que sur les moyens à mettre en £uvre pour l’éradiquer.

La tragédie du 11 septembre 2001 a changé la nature des relations entre les deux frères ennemis. Les échanges d’informations se sont, depuis, multipliés.  » La principale difficulté n’est plus la rivalité entre nos deux pays, mais les différences inconciliables entre nos deux systèmes judiciaires, latin d’une part, anglo-saxon d’autre part, analyse un magistrat français. Un renseignement anonyme nous permet d’enclencher une enquête, là où le juge britannique exigera de connaître l’informateur.  » Entre eux, les services de renseignement ont les coudées plus franches. Les Britanniques ont ainsi livré aux services secrets français de précieuses informations, lors de la prise en otages des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, en Irak. Ils ont même facilité l’identification du chef de l’Armée islamique en Irak, Abou Abdallah, un islamiste irakien qui s’était fait remarquer par ses prêches dans les mosquées anglaises. Et, quelques heures après les attentats de Londres, le 7 juillet, Madrid et Paris (où 99 islamistes sont détenus) dépêchaient des équipes de spécialistes sur place.

De part et d’autre de la Manche comme des deux côtés de l’Atlantique, au sein de l’Otan engagée derrière les Etats-Unis dans la global war on terrorism (voir page 58), l’heure est donc à la mobilisation générale, comme au temps du péril nazi. Car il s’agit bien d’une nouvelle guerre mondiale. Demain, n’en doutons pas, après New York, Madrid, et Londres, Al-Qaeda frappera encore. Avec pour objectif de déstabiliser l’Occident et de le faire renoncer, pour se protéger, à ses valeurs.  » Chaque génération a ses propres guerres. Celle de mon père a lutté contre le nazisme, et c’est terminé. Ma génération a grandi pendant la guerre froide, et, maintenant, c’est fini. Le terrorisme est la nouvelle menace de notre époque.  » Ainsi parlait Tony Blair, le 12 mars 2004. Au lendemain de la tragédie de Madrid…

Alain Louyot

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