Paludisme, La maladie infectieuse la plus mortelle chez les voyageurs
Les arbovirus, comme le chikungunya et la dengue, sont les plus impliqués dans les maladies des voyageurs, pendant ou après leur voyage. Quant à la mortalité des voyageurs, elle est causée majoritairement par le paludisme, même si le nombre est limité. Ces données ressortent d’une étude d’EuroTravNet publiée dans The Lancet Regional Health – Europe.
EuroTravNet, qui fait partie du réseau mondial GeoSentinel Infectious Diseases Sentinel Surveillance Network, a collecté les données de 100.000 voyageurs malades traités dans des cliniques spécialisées en Europe, dont l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, entre 1998 et 2018.
Les voyages sont de plus en plus lointains et fréquents – excepté l’année dernière, bien sûr… Le réseau voit ainsi un nombre croissant de voyageurs malades, après un séjour dans des pays tropicaux. En cause, des infections par les arbovirus, transmis par les moustiques et responsables de maladies comme la dengue, le chikungunya et la Zika, qui sont en forte hausse: entre 1998 et 2002, on trouvait des infections par des arbovirus chez 1,7% seulement des voyageurs malades contre 6,2% entre 2012 et 2018. La dengue, le chikungunya et la Zika sont constatés plus souvent par suite de l’expansion mondiale des moustiques qui transmettent ces virus. Par ailleurs, les tests qui les détectent sont plus perfectionnés.
Protections efficaces
C’est la diarrhée, chronique ou aiguë, qui forme le motif le plus fréquent d’une consultation médicale après un voyage tropical. Le risque de mourir d’une maladie infectieuse liée à un tel voyage est en général restreint, en cas de diagnostic et de traitement rapides: l’étude compte 44 décès sur un total de 100.000 cas sur une période de 20 ans. Le paludisme étant la maladie parasitaire la plus répandue chez les voyageurs de retour des tropiques, elle reste la cause de mortalité la plus fréquente. Il est pourtant possible de se protéger parfaitement contre le paludisme par des traitements préventifs, et si le diagnostic est posé à temps, il est possible d’en guérir totalement.
Grâce à une prise de conscience des voyageurs, ceux-ci sont de plus en plus nombreux à chercher un traitement après une morsure par un animal durant leur voyage, essentiellement des chiens, des singes, des chats et des chauves-souris, surtout en Asie et en Afrique du Nord.
« C’est la première fois qu’un ensemble de données aussi étendu est publié sur les maladies importées par des voyageurs de retour en Europe. Cette étude est donc unique et a une grande valeur par ce qu’elle nous apprend sur les changements de l’épidémiologie des maladies infectieuses dans le monde. Ceci nous permet de mieux conseiller les voyageurs avant leur départ, de mieux aider les médecins dans le travail de prévention, de diagnostic et de traitement de leurs patients, et de mieux informer les responsables de la santé publique sur les tendances épidémiologiques des maladies infectieuses importées », explique le Pr Emmanuel Bottieau de l’IMT.
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