Objectif Lune

Philippe Berkenbaum Journaliste

Vous avez la tête dans les étoiles et rêvez d’aventure spatiale ? Embarquement immédiat : les voyageurs de l’espace décollent en 2013.

L’événement est presque passé inaperçu. Il était pourtant historique. Le 22 mai dernier, une fusée Falcon 9 décollait de Cap Canaveral pour convoyer la capsule de fret Dragon vers l’ISS, la Station spatiale internationale. Signe particulier : c’était une opération privée, gérée par la société américaine SpaceX pour le compte de la NASA. La première d’une longue série. Entre convoyer du fret et des voyageurs, il n’y a qu’un petit pas pour l’homme, mais un grand bond pour l’humanité. En choisissant de sous-traiter au secteur privé le transport de l’espace, après l’arrêt du programme des navettes en juillet 2011, l’agence américaine a tracé la voie lactée d’une nouvelle odyssée : celle du tourisme spatial. Et 2013 pourrait être l’année de son avènement.

Ironie de la réalité, quand elle rattrape la fiction. Mort deux ans plut tôt, le maître Kubrick aurait sans doute souri d’apprendre que le premier touriste de l’espace s’est envolé en… 2001 pour une semaine à bord de l’ISS. Le milliardaire américain Dennis Tito fut ce pionnier, pour 15,4 millions d’euros. Depuis, huit  » touristes  » ont séjourné dans l’ISS. Dix ans plus tard, Space Adventures a dévoilé le nouveau clou de son catalogue : huit jours d’escapade stellaire avec en point d’orgue un survol de la Lune, à l’horizon 2015. Valable pour deux passagers dans un vaisseau Soyouz adapté. Tarif : entre 92 et 115 millions d’euros. Un client mystère aurait déjà signé.

Elle ne touche pas encore les masses, mais l’industrie du voyage dans l’espace pose ses premiers jalons. Plusieurs entreprises sont sur le pas de tir. Outre celles déjà citées, retenez les noms d’Orbital Sciences ou Bigelow Aerospace, sans parler de géants comme Boeing ou Lockheed Martin. Certaines gardent les pieds sur Terre : pas besoin de décrocher la Lune si l’on peut profiter de l’espace et de ses sensations sans grimper à des altitudes orbitales… Virgin Galactic, branche spatiale du groupe de Richard Branson, propose des voyages de quelques heures à 100 km d’altitude, pour admirer la Terre et passer quelques minutes en apesanteur. Prix du billet : 146 000 euros. Plus de 500 personnes l’ont déjà réservé (et payé) dont, dit-on, Tom Hanks, Paris Hilton ou le physicien dystrophique Stephen Hawking. Leur vaisseau, le Space-ShipTwo, décollera du spatioport très jamesbondien construit par Virgin au Nouveau-Mexique. L’an prochain, si tout va bien.

Branson évoque aussi l’ouverture d’hôtels de luxe dans l’espace, qui pourraient être utilisés comme étapes pour de longs vols vers la Lune. Le Russe Orbital Technologies sera-t-il plus rapide ? Il prévoit de placer d’ici à 2016 un module de 4 chambres pouvant accueillir 7 voyageurs, en orbite à 320 km autour de la Terre. L’Hôtel du Paradis offrira un panorama unique sur notre planète, dont il fera le tour en 90 minutes. Le séjour de 5 jours tout confort et en apesanteur coûtera 115 000 euros… plus 574 000 euros pour le billet Soyouz.

Impayable ? Pas pour tout le monde. Roger Launius, conservateur du National Space Museum à la Smithsonian Institution de Washington, cité par le New York Times, affirme que  » l’émergence du tourisme spatial dans les deux prochaines années ne fait aucun doute « . Vous en rêvez ? Un peu de patience. Le voyage dans l’espace aura ses compagnies low-cost. XCOR Aerospace prépare un petit coupé spatial baptisé Lynx, qui permettra de grimper dans l’éther en duo pour 75 000 euros. Blue Origin, créée par le patron d’Amazon Jeff Bezos, promet d’ouvrir l’espace à l’homme à des prix  » beaucoup plus abordables et avec une fiabilité croissante « . Et Space Adventures offre déjà des vols à gravité zéro en B727 pour moins de 3 850 euros. Qui dit mieux ? Le compte à rebours a commencé.

PHILIPPE BERKENBAUM

Le voyage dans l’espace aura ses compagnies low-cost.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire