Nouvelles stars

Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

Papier glacé, dos carré : c’est un magazine tout en élégance et raffinement, au sommaire duquel on retrouve les reportages photos de pointures comme Jean-Baptiste Mondino ou Patrick Demarchelier. Prévu à deux éditions par an, se calquant sur le calendrier de la haute couture, ce  » consumer mag  » n’est distribué qu’aux meilleures clientes de Dior, et dans les boutiques. Les autres pourront toujours se tourner vers le site, gratuit et ouvert à tous.

Si l’on ajoute à cette communication ciblée la pub dans les médias traditionnels et la présence sur les réseaux sociaux, on obtient le cercle vertueux dont tout entrepreneur rêverait. D’autant que les films diffusés par les griffes de mode et de beauté pour lustrer encore leur image sont  » likés  » et  » retweetés  » en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire un nombre impressionnant de fois – celui mettant en scène Lady Gaga pour Mugler a ainsi été vu par 47 millions de personnes.

Ces opus donnent il est vrai pour la plupart dans le qualitatif et font appel à des réalisateurs et acteurs parmi les plus cotés. Ainsi de Sofia Coppola, qui, après avoir tourné un court pour Miss Dior Chérie il y a quelques saisons déjà, s’est fendue d’un autre à l’occasion du lancement de la collection de Marni pour H&M, au printemps dernier. Ou de Roman Polanski, Helena Bonham Carter et Ben Kingsley, réunis le temps d’un mini-film… projeté en avant-première à Cannes, pas moins, et dédié à Prada. On n’ose imaginer le coût de ces trois minutes et demie de pub qui fait tout pour ne pas en avoir l’air, et qui d’ailleurs n’en a ni la couleur ni le goût – c’est pour cela que ça marche.

Mais avec un bénéfice net de 122,1 millions d’euros sur le troisième trimestre de 2012, soit une croissance – largement tirée par l’Asie – de plus de 30 % par rapport à la même période l’an dernier, le label de Miuccia Prada peut s’offrir ce genre de petit plaisir. Et se féliciter d’être le seul Italien repris dans le top 10 du classement mondial des groupes de luxe, établi par Fortune. Sans surprise, c’est LVMH, le holding qui compte Dior, Louis Vuitton ou Givenchy parmi ses plus beaux fleurons, qui caracole en tête, talonné par un autre Français, PPR, qui possède lui des marques aussi prestigieuses que Gucci, Saint Laurent ou Balenciaga.

C’est la dure loi du genre : alors que la crise frappe sans ménagement créateurs talentueux et maisons n’ayant pas les reins assez solides pour résister aux faillites pulvérisant cette année leur précédent (triste) record, les grandes dames du luxe affichent une santé florissante. Les nouvelles stars, ce sont elles.

DELPHINE KINDERMANS

Trois minutes et demie de pub qui fait tout pour ne pas en avoir l’air, et qui d’ailleurs n’en a ni la couleur ni le goût – c’est pour cela que ça marche

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