Nouvelles donnes
Drôlement secouées, les cartes du lifestyle : depuis qu’elles ont été rebattues par la crise, les secteurs de la mode, de la beauté, du design, de la gastronomie et du tourisme espèrent une meilleure pioche et s’apprêtent à jouer leurs va-tout en 2010. Car, sauf rares coups de poker, tous ont souffert d’une baisse de dépenses considérées comme non prioritaires – les budgets des loisirs et de l’habillement étant les premiers écornés en cas de perception négative de la situation économique.
Outre les fermetures de boutiques et autres serrages de ceintures dans les grandes maisons, l’année écoulée aura ainsi été celle de faillites qui ont profondément ébranlé la mode. Celle de la Belge Veronique Branquinho, qui foulait les podiums parisiens depuis 1997. Celle, aussi, du monstre (sacré) aux pieds d’argile Christian Lacroix. Après avoir longtemps vacillé sur des bases financières fragiles, il a en effet dû mettre l’aiguille sous le paillasson, non sans avoir offert un ultime défilé à ses fans. Standing ovation et baisser de rideau halluciné sur un des plus grands couturiers français ( lire en page 163).
Pour conjurer le sort, les griffes sortent leurs bottes secrètes. L’atout c£ur, d’une part, qui pousse le monde du luxe à redorer son image en multipliant actions caritatives et gestes ecofriendly : Gucci et Marni créent des lignes dont les bénéfices viennent en aide à l’enfance défavorisée ; la Fondation d’entreprise Hermès soutient des programmes d’éducation et de développement durable dans la région subsaharienne ou en Indeà Quant au groupe LVMH (Moët Hennessy – Louis Vuitton, n° 1 mondial dans le secteur) il a notamment acquis 49 % du capital d’Edun, marque haut de gamme fondée par Bono, le très engagé chanteur de U2, et proposant des vêtements bio via le Net ( lire en page 156). On note au passage que la Toile est un des seuls créneaux » mode » à tirer son épingle du jeu, avec une croissance – 20 % en un an ! – en rupture totale avec celle des ventes en boutique. Défilés en ligne, collections capsules exclusivesà La créativité devrait, dans cette niche-là au moins, continuer d’exploser au cours des prochains mois ( lire en page 159).
L’autre joker du luxe ? Son patrimoine, désormais survalorisé par des rééditions de classiques qui ont fait leurs preuves et par une réorientation, dans les collections de mode, vers les fondements des marques. Un retour à des valeurs refuge que l’on constate aussi dans le domaine du design, où se multiplient les répliques de meubles signés par de grands noms ( lire en page 168), au détriment d’une jeune création plus osée mais forcément plus risquée.
Evolution parallèle, dans une certaine mesure, en gastronomie, avec la mise en avant du produit et du terroir ( lire en page 184) et dans le secteur de l’évasion, avec l’émergence d’un tourisme qualitatif et authentique, plus proche de la nature, où les formules all inclusive trop clinquantes sont de plus en plus souvent hors jeu. Autant de nouvelles donnes qui devraient permettre au lifestyle de reprendre la main dans un contexte économique où la crise continuera à marquer des points en 2010.
delphine kindermans
La mode, la beauté, le design, la gastronomie et le tourisme espèrent une meilleure pioche et s’apprêtent à jouer leurs va-tout en 2010.
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