Nos députés fans de Borgen
Le boom des séries télé a entraîné un renouveau de la fiction politique. Quand le petit écran explore les coulisses du pouvoir, les élus eux-mêmes deviennent accros.
Elle réconcilie la gauche et la droite. Elle captive autant les francophones que les Flamands. Borgen, narre la vie éprouvante de Birgitte Nyborg, Première ministre du Danemark, à la tête d’une coalition rassemblant sociaux-démocrates, centristes et écologistes. Au fil des épisodes, l’héroïne tente de préserver ses idéaux, tout en faisant l’apprentissage du cynisme, tandis que sa vie privée chancelle.
Il n’en fallait pas plus pour que la série vire au phénomène dans le monde politique belge. Sur Twitter, le député VLD Bart Somers a résumé l’enthousiasme général : » Saison 2 de #Borgen irrésistible et addictive. Plus proche de la réalité, c’est impossible. » Conquise elle aussi, la nouvelle présidente des libéraux flamands, Gwendolyn Rutten, a offert à Alexander De Croo et Vincent Van Quickenborne le coffret DVD de la saison 1. » On en discute entre collègues, confie-t-elle. Les thèmes abordés, comme le retrait des troupes d’Afghanistan ou la réforme de la sécurité sociale, sont aussi ceux auxquels nous sommes confrontés. J’espère juste que ma vie privée ne va pas évoluer comme celle de Birgitte Nyborg… »
Chez Ecolo aussi, Borgen cartonne. Marcel Cheron, Olivier Deleuze et Isabelle Durant sont fans. » Quand on parle du porte-parole d’un autre parti, on l’appelle Kasper, comme le spin doctor de la série « , rigole Emily Hoyos. La coprésidente des verts se dit traversée par les mêmes doutes que Birgitte Nyborg. » Lorsqu’elle veut associer l’opposition à son plan de Nouvelle prospérité, pour qu’il dure au-delà d’une législature, son entourage s’y oppose, argumentant que ça débouchera sur un plan fade, sans priorité claire. J’ai très bien compris quel était son dilemme, à ce moment-là. Veut-on un plan qui engage le pays pour dix ans, même s’il a moins de saveur ? Ou un plan de court-terme, davantage marqué par la couleur du gouvernement ? Les mêmes choix se posent à nous. »
Elio Di Rupo lui-même n’échappe pas à la Borgenmania. Le Premier ministre a profité du congé de Noël pour visionner quelques épisodes et il a jugé l’ensemble » remarquablement bien fait « , indique son porte-parole.
Outre Borgen, de nombreuses séries évoquent les aléas du pouvoir, qu’elles abordent la politique nationale (The West Wing) ou locale (The Wire, Boss), la gestion du terrorisme (Homeland, 24 heures chrono), ou les luttes d’influence à travers l’Histoire (Les Tudors, Rome, Les Borgias). Fascinés par ce miroir que leur tend la télé, les élus en redemandent.
FRANÇOIS BRABANT
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