Noms de famille : toute une histoire !
L’origine, la signification et les particularités des patronymes font l’objet de deux nouveaux ouvrages.
» Les gens cherchent à leur nom de famille une origine étrangère ou sortant de l’ordinaire. Ils fantasment énormément alors que la plupart des noms sont très banals « , commente Jean Germain, linguiste et dialectologue à l’UCL. Témoin : l’engouement pour la généalogie et les nombreux livres qui y sont consacrés. » Hormis notre corps, notre nom est ce que nous possédons de plus précieux « , ajoute-t-il.
» En réalité, le nom n’a aucune signification. Celle-ci est réservée au surnom qui a donné naissance au nom de famille « , précise l’auteur du Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles. L’ouvrage contient plus de 52 000 noms de famille apparaissant en Belgique – sur 170 000, au total. C’est vers le xie siècle que surgissent, dans nos contrées, les premiers surnoms qui, joints aux prénoms, servent à distinguer les personnes qui portent le même nom de baptême. A partir du xvie siècle, les registres paroissiaux consignent les noms de famille (qui pouvaient varier d’une génération à l’autre). Puis, dès 1795, l’occupation française instaure le registre d’état civil : changer de nom en devient plus difficile.
Peeters caracole toujours en tête
Le nom de famille tire son origine, principalement, de deux catégories : le lieu géographique et le sobriquet. Des noms renvoient également à des métiers et à des fonctions. En Belgique, le nom le plus fréquent demeure Peeters (signifiant » fils de Pierre « ). En Wallonie, c’est Dubois qui remporte la palme. Par ailleurs, de nombreux noms n’appartiennent qu’à un nombre très restreint de personnes : 71 % de ces noms rares sont portés par dix personnes, au maximum ; les 29 % restants par une seule. Selon Jean Germain, d’ici à une ou deux générations, de 60 à 70 % des noms uniques devraient donc s’éteindre. Le patrimoine anthroponymique tend en effet à s’appauvrir. La difficulté de changer de nom mais, surtout, la transmission, en Belgique, du nom du père expliquent ce phénomène. Les noms portés seulement par des femmes sont donc voués à la disparition. A moins que, comme en France, en Allemagne ou encore au Québec, le législateur n’autorise la mère – voire les deux parents – à donner son nom à sa progéniture.
Basé sur le Dictionnaire des noms de famille en Belgique romane, de Jules Herbillon et Jean Germain (1996), le présent dico est largement mis à jour. De nombreuses ambiguïtés sont levées grâce à une cartographie des noms. Enfin, la consultation de l’ouvrage d’Hortense Naquet-Radiguet, Les Noms de famille en Belgique. Histoires et anecdotes, est très profitable . Réunissant les patronymes les plus usuels chez nous, il regorge, comme son titre l’indique, de récits curieux. Un complément ludique idéal au dictionnaire. l
Christophe Devriendt
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