Arnaud Deplae, secrétaire général de l'UCM. © DR

« Ne dites plus Union des classes moyennes mais UCM. »

L’organisation francophone de défense des indépendants, chefs de PME et professions libérales, a troqué l’appellation pour le sigle. Par nécessité de ne plus faussement prétendre unir toutes les classes moyennes, explique son secrétaire général, Arnaud Deplae.

Bienvenue à l’Union des classes moyennes, le « syndicat » qui brasse très, très large?

Oui et non. Nous défendons les intérêts des indépendants et des PME davantage que les classes moyennes puisque nous ne représentons pas les salariés, ni les fonctionnaires ou les rentiers. L’appellation Union des classes moyennes date de 1928. A l’origine, l’organisation s’adressait à l’entre-deux, aux « ni-ni », aux ni pauvres ni riches, à ceux qui ne relevaient ni du prolétariat, ni des salariés, ni des grands patrons.

L’appellation serait-elle devenue trompeuse?

Elle a fini par poser problème par la confusion créée dans l’esprit du public. C’est la raison pour laquelle nous avons mis le couvercle sur l’appellation Union des classes moyennes pour nous limiter à l’usage de son sigle, UCM. A côté de la définition de la notion de classe moyenne fixée par la loi, il existe un vrai flou. Une entreprise de moins de cinquante travailleurs peut être une multinationale en raison d’un actionnariat dispersé. Notre approche et le socle de notre action reposent sur un ancrage local fort, sur la sphère familiale du monde des PME.

Si l’appellation est trop lourde à porter, pourquoi ne pas en changer? L’homologue flamand de l’UCM a mué en 2000, passant de la NCMV, Union nationale chrétienne de classes moyennes, à Unizo, Union des entrepreneurs indépendants.

La question a été débattue. Un changement d’appellation aurait nécessité une opération marketing coûteuse et impliqué un important travail de refondation auprès de nos membres. Il nous a paru moins risqué d’opter pour le maintien d’une marque connue, d’une valeur sûre, en limitant le relooking à l’utilisation du sigle.

Trouver un dénominateur commun à partir d’une telle diversité de statuts quand il s’agit d’élaborer un catalogue de revendications est une mission difficile?

Oui et non, encore une fois. Au-delà de la diversité des situations financières des indépendants, entre celui qui tire le diable par la queue et celui qui vit très bien, des valeurs communes sont partagées: la notion d’indépendance, l’aspiration à compter sur ses propres capacités, la volonté de se prendre en main.

En faisant constamment référence aux classes moyennes au sens large, le monde politique contribue-t-il à brouiller le message que l’UCM cherche à faire passer?

Pas vraiment, nous avons bien conscience que les mesures que vient d’adopter le gouvernement fédéral en matière d’énergie concernent les ménages et non les indépendants de manière spécifique.

Avoir un ministre fédéral des Classes moyennes à qui s’adresser et parler, ça aide?

C’est indispensable. On a connu quelques gouvernements sans ministre des Classes moyennes et on a pu voir la différence. A chaque formation de gouvernement, nous insistons pour qu’un tel portefeuille soit intégré. Le ministre des Classes moyennes fait office de garde-fou, qui peut se montrer attentif, par exemple, à ce qu’un ministre des Finances pourrait envisager en matière de taxation.

Que ce portefeuille ait des airs de chasse gardée libérale finit-il par devenir embarrassant pour une organisation qui se veut pluraliste?

Nous avons des membres qui sont de sensibilité socialiste, écologiste,… Que ce portefeuille ministériel soit entre des mains libérales, comme il a été aussi par le passé aux mains de sociaux-chrétiens, ne nous gêne pas. Cette attribution est une affaire qui se règle entre partis.

L’UCM ne serait pas au MR ce que la FGTB est au PS? Un partenaire privilégié, voire un vieux complice?

Non, nous sommes farouchement apolitiques et attentifs à bien montrer que nous ne privilégions pas un parti plutôt qu’un autre. Il est fondamental pour nous de nous tenir à égale distance de toutes les formations politiques. A l’inverse de la FGTB avec le Parti socialiste, l’UCM n’entretient aucun lien structurel avec le Mouvement réformateur.

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