MONS, LA GARE À  » 17 500 EUROS PAR PASSAGER  » ?

Rapporté à son nombre de voyageurs par jour, la future gare- passerelle de Mons coûtera sept fois plus cher que la station Tiburtina de Rome, inaugurée l’an dernier. C’est du moins ce qu’annonce le quotidien L’Echo dans son édition du 30 novembre. L’article se base sur une étude du bureau bruxellois Tritel. Selon ce document, destiné au ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry (Ecolo), la moyenne des investissements programmés dans les gares wallonnes de plus de 2 000 voyageurs montés par jour est de 3 032 euros par passager. Or celle de Mons devrait coûter au bas mot 150 millions d’euros pour 8 556 voyageurs montants quotidiens en 2009. La division est donc vite faite : 17 531 euros par usager à Mons, contre 2 429 euros à Rome ou encore 7 792 euros à Ottignies. Pharaonique ?

A nuancer. En suivant la même méthode de calcul, la gare de Liège-Guillemins a coûté près du double : 437 millions d’euros d’investissement pour 13 500 passagers montés en 2008, l’année qui a précédé son inauguration. Résultat : 32 370 euros par usager. Problème : il est extrêmement délicat de comparer le coût de deux infrastructures ferroviaires. Dans tous les cas, le nombre de navetteurs respectif ne saurait constituer le seul indicateur. Une gare de capitale comme Rome Tiburtina draine facilement plus de 100 000 passagers par jour (140 000 en l’occurrence), ce qui ramène son prix par voyageur à des planchers. Cela ne dit rien de ses investissements en matière d’intermodalité, à l’image de la gare routière et des deux parkings souterrains prévus à Mons.

Car le projet montois signé Santiago Calatrava se veut bien plus qu’une simple halte de trains. Il s’inscrit dans une réorganisation de l’espace urbain et fera office de trait d’union entre le centre-ville historique et son extension des Grands Prés. De plus, son potentiel de croissance est élevé. Sur cent Brugeois qui travaillent à Bruxelles, septante s’y rendent en train, souligne-t-on à la SNCB-Holding, qui gère les 37 plus grandes gares belges au sein du groupe ferroviaire. La proportion est de 57 % pour Liège, mais de 42 % seulement à Mons. Aux yeux de la SNCB-Holding, la vétusté du bâtiment ne serait pas étrangère à cette sous-utilisation – de même que la qualité du service, admet-on…

Bref, il est tout à fait permis de s’interroger sur le coût de la gare de Mons ou l’opportunité de sa rénovation. Mais juger un tel investissement structurel au seul nombre de passagers actuel ne saurait être que réducteur.

E.R.

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