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Mexico Solo
Pays fascinant, le Mexique inspire les artistes. Notre compatriote Francis Alÿs s’y est installé pour glaner un peu de cette foi qui déplace les montagnes. Tout comme Teresa Margolles, qui n’a pas son pareil pour restituer, de l’intérieur, l’intensité des tensions qui traversent cette société travaillée par la violence et la fascination pour la mort. Une réalité dont elle a signifié la substantifique moelle en imaginant un nouveau commandement susceptible de remplacer le «Tu ne tueras point» reçu d’en haut par Moïse. «Tu t’alignes ou on t’aligne» fonctionne parfaitement dans une société régie par des rapports de force économiques qui ne s’encombrent pas d’une quelconque sacralisation de la vie humaine.
Poète et romancier, Ivan Alechine (1952) a également adopté le Mexique, tout particulièrement au cours des deux dernières décennies. Non moins interpellé que les plasticiens cités plus haut, le fils de Pierre Alechinsky, un appareil photo à la main, s’est senti le devoir de témoigner de cette patrie coincée par une explosive tectonique des plaques qui fait se heurter Amérique du Nord et du Sud. Jamais frontales, les images qu’il nous envoie relèvent de la «collecte objective», elles qui visent «à établir ce qui perdure des légendes et des traditions malgré le désastre économique et l’acculturation croissante», comme nous le rappelle l’écrivain Yves di Manno. Mais l’œil d’Alechine ne s’arrête pas uniquement du côté de la légendaire Sierra Madre, il arpente aussi la «réalité contemporaine du District federal et de sa mégalopole». Soit une jungle urbaine, dont les répliques s’appréhendent tant à Oaxaca qu’au Chiapas, qui n’est pas sans générer une beauté aussi tranchante, lumineuse et acérée que les tessons d’une bouteille de mezcal éclatée au sol.
Au Musée de la photographie, à Charleroi, jusqu’au 22 janvier.
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