Maximilien Drion, un futur médaillé olympique pour la Belgique?
Il s’est hissé au sommet de la hiérarchie mondiale du ski-alpinisme. Pourtant, Maximilien Drion reste inconnu en Belgique. Cela devrait changer à l’approche des JO d’hiver de 2026.
Aux Jeux d’hiver de 2022, il n’y avait que la patinoire pour mettre du baume au coeur à la Belgique. Bart Swings et Hanne Desmet furent nos seuls médaillés. Ils devraient se sentir un peu moins seuls dans trois ans, dans le nord de l’Italie, où auront lieu les prochaines olympiades. L’arrivée du ski-alpinisme, le «skimo» pour les intimes, au programme olympique devrait sourire à Maximilien Drion, deuxième de la dernière Coupe du monde de la discipline.
En Belgique, cet accomplissement est passé inaperçu. Une bonne raison pour partir à la rencontre du champion, à l’aube de la nouvelle saison qui débute ce week-end à Val Thorens, en France. Une rencontre à distance, car le Ucclois de naissance a déménagé avec ses parents dans le village suisse de Vercorin à l’âge de 10 ans. «J’ai grandi à Lasne, dans le Brabant wallon, mais dès mon plus jeune âge, mes parents partaient souvent en vacances à Vercorin, à Noël, à Pâques, l’été, raconte-t-il. Ils s’y sentaient tellement bien qu’ils ont décidé de s’y installer définitivement avec toute la famille. Ma sœur et moi les avons accompagnés, mais pas à contrecœur. J’étais déjà amoureux des montagnes lorsque j’étais enfant.»
Je peux souffrir énormément. J’aime ça. La sensation de faire encore plus mal à mes concurrents est indescriptible.
Vous possédez la double nationalité depuis l’âge de 19 ans. Vous sentez-vous aussi suisse que belge?
Drion: Mon mode de vie est suisse, mais je me sens avant tout belge et je pratique mon sport sous le drapeau noir-jaune-rouge. Je suis très fier de mes racines. Ma famille y vit toujours et je séjourne trois ou quatre fois par an en Belgique. Au printemps, je passe même un mois chez mes grands-parents à Rixensart.
Vous êtes par contre plus connu en Suisse qu’en Belgique.
Drion: Je ne me suis jamais posé la question. Je fais ce que j’aime, c’est le plus important. Si je suis connu de cette manière, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, je m’en fiche. Sur les réseaux sociaux, de nombreux Belges me suivent, surtout dans le milieu du trail.
On ne connaît pas trop le ski-alpinisme. Pouvez-vous nous le présenter?
Drion: Il s’agit d’une combinaison d’escalade et de descente sur neige. L’escalade se fait en marchant, avec des skis de randonnée légers et plus larges dans le sac à dos, ou avec des skis aux pieds, à l’aide de peaux d’escalade synthétiques que l’on tend sous les skis. Pour descendre, on enlève ces peaux et on continue sur les skis. Il existe trois disciplines. Une course individuelle d’une heure et demie à deux heures, avec au moins trois montées et descentes, et un dénivelé de 1 800 à deux mille mètres. Une course verticale de plus de vingt minutes, où l’on ne fait que monter et où l’on parcourt un dénivelé de cinq cents à huit cents mètres. Et enfin, une course de vitesse d’environ trois minutes, avec une courte montée – en partie à ski, en partie en marchant – et une courte descente.
La saison dernière, vous avez remporté, entre autres, la médaille d’argent de la Coupe du monde de course verticale. Pourquoi est-ce votre meilleure discipline?
Drion: Parce qu’il s’agit d’un effort purement physique. Celui qui monte le plus vite et qui supporte le mieux la douleur gagne. Je peux souffrir énormément. J’aime même cela. La sensation de faire encore plus mal à mes concurrents est indescriptible.
Le sprint vous ressemble-t-il moins?
Drion: Oui, parce que la durée de la course est plus courte et que la moindre erreur technique peut être fatale. Tendre les peaux, sortir les skis du sac à dos, les mettre… Cela paraît simple, mais il faut l’exécuter à la vitesse de l’éclair. Si vous perdez trois secondes, autant de concurrents vous devanceront.
Comment peut-on s’entraîner à cela?
Drion: En répétant autant que possible, ici dans le jardin. Pendant dix à vingt minutes, je ne fais rien d’autre qu’enlever et mettre les skis et les peaux de phoque. Je dois finir par pouvoir le faire les yeux fermés.
Le Comité international olympique n’a pas choisi la course individuelle et la course verticale comme nouvelles disciplines olympiques en 2026, mais la course de vitesse parce qu’elle est la plus courte et la plus spectaculaire. Dommage?
Drion: Oui, parce que c’est la discipline qui reflète le moins ce qu’est réellement notre sport: grimper et descendre sur un parcours de montagne difficile, comme dans la course individuelle. Mais elle prend plus d’une heure et demie, ce qui est trop long selon les normes olympiques actuelles.
Les exigences physiques pour concourir dans les trois disciplines sont très différentes. En athlétisme, les coureurs du 1 500 mètres ne pourront pas participer au marathon, et vice versa. Pourtant, vous y arrivez, avec votre deuxième place au classement général de la Coupe du monde.
Drion: Cette combinaison est assez rare. Peu atteignent le Top 10 dans les trois disciplines. En intensité, cependant, elles ne sont pas si différentes. Ma fréquence cardiaque moyenne est d’environ 185 pour le sprint, 183 pour la course verticale et 180 pour la course individuelle. Il s’agit surtout de maintenir la douleur plus longtemps.
Vous poursuivez des études pour préparer votre avenir. Est-il impossible de vivre de votre sport?
Drion: Depuis 2022, j’ai un contrat avec l’Adeps. Pour cela, il faut être dans les huit premiers mondiaux dans un sport olympique. J’ai rempli ces deux conditions après l’annonce de l’inscription du ski-alpinisme au programme des Jeux d’hiver de 2026. Je bénéficie également du soutien du Fonds de solidarité du Comité international olympique. Ce fonds aide les athlètes des petits pays et des petits sports afin qu’ils puissent se mesurer à des pays mieux financés. J’ai aussi des sponsors d’équipement et quelques sponsors belges et locaux de Suisse. Des revenus nécessaires, car pour payer tous les frais d’hébergement et de voyage ainsi que toute mon équipe, j’ai besoin de 65 000 à 70 000 euros par an.
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