Max Verstappen deviendra-t-il le meilleur pilote de l’histoire?
Max Verstappen empile les victoires et les titres à un rythme effréné. Au point de s’inviter à la table des plus grands champions de son sport.
Le verdict avait des airs d’événement. Au beau milieu du mois de septembre, lors du Grand Prix de Singapour, Max Verstappen n’a franchi la ligne d’arrivée qu’en cinquième position lorsque le drapeau à damiers s’est agité. La fin amère d’une série exceptionnelle de dix victoires entamée au mois de mai. «Not amused», s’est décrit le Batave après l’arrivée, voyant déjà le tout proche Grand Prix du Japon comme une merveilleuse opportunité de revanche. Au cours d’une partie de padel avec Christian Horner, le patron de la team Red Bull, il avait même annoncé qu’il s’imposerait sur le toboggan nippon avec vingt secondes d’avance sur son plus proche poursuivant. Aussitôt dit, aussitôt fait. Ou plutôt, presque fait. Au terme d’une course maîtrisée à la perfection, Verstappen a relégué la McLaren de Lando Norris à 19,387 secondes. Validant ainsi son treizième succès de la saison, et faisant oublier à son écurie l’abandon de son coéquipier mexicain Sergio Perez grâce à l’officialisation du titre de champion du monde des constructeurs pour Red Bull.
A seulement 26 ans, Max Verstappen compte déjà 48 Grands Prix à son palmarès.
Le week-end prochain, c’est en son nom que Max Verstappen peut conquérir le titre. Il lui suffira pour cela d’engranger trois petits points lors de la course sprint du Grand Prix du Qatar le 7 octobre. Une formalité pour «Mad Max». En cas d’incident, il pourrait même encore compter sur la course principale, qui se déroulera le lendemain, pour s’offrir une deuxième chance. Dans le pire des scénarios, il lui restera encore cinq courses à disputer d’ici à la fin de la saison 2023 pour décrocher le sacre, ce dont personne ne doute. Pour le suspense, il faudra repasser. Comme en 2002 et en 1992, lorsque Michael Schumacher et Nigel Mansell avaient conquis la couronne mondiale avec respectivement six et cinq courses encore à disputer, lors de saisons toutefois plus courtes: 17 Grands Prix en 2002, 16 en 1992, contre 22 cette année. Les réalités sont légèrement différentes, mais le constat est implacable: s’il est sacré dans l’émirat, Max Verstappen sera l’un des trois champions du monde les plus rapides de l’histoire de la Formule 1.
Le Néerlandais fêterait alors son troisième titre de champion du monde consécutif, tout juste après avoir fêté son 26e anniversaire, le 30 septembre dernier. Seul l’Allemand Sebastian Vettel, égérie précédente de l’écurie Red Bull, était encore plus jeune (25 ans) au moment d’être sacré champion du monde pour la troisième fois. A âge égal, Verstappen compte toutefois plus de Grands Prix remportés que n’importe laquelle des autres stars de l’histoire de son sport. Avec 48 courses gagnées, il devance très largement Sebastian Vettel (29) et Fernando Alonso (18). Quant à Lewis Hamilton et Michael Schumacher, les deux pilotes les plus prolifiques de la F1, ils n’avaient gagné que quatorze et dix Grands Prix au même âge. Ce n’est que plus tard qu’ils ont garni leur palmarès, avec sept titres de champion du monde chacun et respectivement 103 et 91 Grands Prix remportés, très loin devant Vettel (53) et Alain Prost (51), les deux seuls autres pilotes à encore précéder «Mad Max».
Si le record d’Hamilton semble encore loin, le rythme «gloutonnesque» de Verstappen peut lui permettre d’envisager de le tutoyer à un horizon pas si lointain. Vainqueur de dix courses en 2021, quinze en 2022 et déjà treize en 2023, le Batave pourrait n’avoir besoin que de quatre années supplémentaires pour combler l’écart qui le sépare encore du Britannique. Depuis trois ans, il a ainsi remporté 38 des soixante Grands Prix disputés, ne laissant que des miettes à ses concurrents.
Toujours présent sur les circuits, Hamilton ne semble plus en mesure de faire décoller son compteur, lui qui n’a plus connu le goût du succès depuis la fin de l’année 2021. «Max a encore une longue carrière devant lui, il finira par atteindre mon record», prédit le corecordman de titres de champion du monde. Il faut dire qu’en plus d’un talent d’exception et d’un bolide supersonique, Max Verstappen a un autre atout sous la pédale: des saisons de plus en plus fournies. L’année prochaine, la saison de Formule 1 comptera pas moins de 24 courses, soit deux de plus qu’en 2023. A titre de comparaison, on ne roulait en moyenne que vingt fois par an lors de la période dorée de Lewis Hamilton (2014-2020), et seulement 17 fois à l’âge d’or de «Schumi» (1994-2004).
La question est donc de savoir combien de temps peut se prolonger l’hégémonie de Max Verstappen, évidemment liée à celle de son écurie Red Bull, puisque son coéquipier Sergio Perez est également son plus proche concurrent au classement cette saison. L’histoire de la F1 enseigne que les règnes de plus de trois ans sont fréquents dans la discipline. Souvent, c’est un changement réglementaire qui y met un terme. A ce titre, la prochaine réforme est prévue pour 2026, avec de strictes adaptations, notamment pour des moteurs qui devront utiliser un carburant plus durable. Jusqu’à cette date, les chances sont grandes de voir Verstappen continuer à dominer le plateau au volant de sa Red Bull, marque à laquelle il est lié jusqu’en 2028. Là, il pourra continuer – au moins à court terme – à piloter une monoplace conçue par Adrian Newey, le directeur de la technologie de l’écurie. Dans le monde de la Formule 1, Newey est présenté comme le «greatest design mind» (le plus grand concepteur) de l’histoire. Une opinion visiblement partagée par Red Bull, qui l’a prolongé dans ses fonctions au printemps dernier en signant avec lui contrat à durée indéterminée.
Le pilotage sublime de Verstappen combiné au génie technique de Newey, voilà une combinaison qu’aucune écurie ou aucun pilote ne semble actuellement en mesure de menacer, même à l’horizon de la fin d’année 2025.
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