Marchez pour les éviter
Au-delà du problème esthétique, les varices peuvent-elles représenter une réelle menace pour la santé? Est-il possible de prévenir leur survenue ou leur réapparition?
Plus de 20% des hommes et 30% des femmes seront tôt ou tard victimes de varices. « Pour remonter vers le coeur, le sang pauvre en oxygène qui se trouve dans les veines des membres inférieurs doit surmonter l’effet de la gravité, explique Marc Vuylsteke, spécialiste en chirurgie vasculaire à l’hôpital Sint-Andries à Tielt. Ce mécanisme repose notamment sur l’action des muscles des mollets, qui entourent les vaisseaux sanguins profonds: à chaque fois qu’ils se contractent lors de la marche, ils compriment les veines et ‘pulsent’ le sang vers le haut. Lorsqu’ils se relâchent, des valves localisées dans les veines profondes et superficielles doivent l’empêcher de redescendre. Malheureusement, les valves de ces dernières, en particulier, peuvent subir des dommages chez les personnes prédisposées ; si elles ne se ferment plus correctement, les veines superficielles vont se dilater et former sur les jambes des amas tortueux appelés varices. »
De mal en pis
Les varices peuvent provoquer une foule de désagréments: sensation de fatigue et de pesanteur, picotements ou fourmis dans les jambes, crampes nocturnes, jambes sans repos. Malheureusement, elles ont tendance à s’étendre avec le temps. « Avec l’excès persistant de pression, l’atteinte va peu à peu se propager aux valves d’autres veines, explique le Dr Vuylsteke. La vitesse à laquelle le problème évolue varie toutefois d’un individu à l’autre et est difficile à prévoir. Les personnes qui souffrent de varices peuvent néanmoins évoluer tôt ou tard vers des stades plus avancés d’insuffisance valvulaire veineuse, avec à la clé un gonflement des jambes et des modifications visibles de la peau. On observe alors des taches brunes eczémateuses qui peuvent évoluer vers l’apparition de plaques rouges, dures et douloureuses, de tissu cicatriciel plus pâle et parfois même, des années plus tard, de plaies variqueuses ouvertes. »
Plus la circulation sanguine est mauvaise, plus le risque de complications aiguës est élevé. « Une mauvaise circulation du sang accroît aussi le risque de formation de caillots. Si ceux-ci migrent ensuite vers les veines plus profondes et aboutissent dans les poumons, ils peuvent y provoquer une embolie – l’équivalent pulmonaire d’une crise cardiaque. »
Traiter de l’intérieur
Bref, si vous souffrez de varices, mieux vaut consulter sans trop tarder afin que le problème puisse être suivi et traité si nécessaire. « Pour dresser un tableau complet de toutes les varices du patient, nous réalisons une échographie doppler, afin d’obtenir des images échographiques et des informations sur la direction et la vitesse du flux sanguin. »
Des décennies durant, les longues varices très développées ne pouvaient être éliminées que par voie chirurgicale via la technique dite du stripping, pratiquée sous anesthésie générale. Depuis 18 ans environ, elles peuvent également faire l’objet d’un traitement endo-veineux réalisé sous anesthésie locale ; le rétablissement ne prend alors que quelques jours, contre plusieurs semaines après stripping. « Cette technique plus récente consiste à brûler la varice de l’intérieur à l’aide d’un rayon laser ou d’ultrasons, grâce à un cathéter introduit dans la veine, explique le Dr Vuylsteke. Quelques mois après le traitement, elle est complètement desséchée. Les embranchements latéraux et les récidives de grosses varices ont toutefois souvent une paroi plus fine et beaucoup plus tortueuse, empêchant d’y introduire un cathéter. Nous y injectons alors un produit chimique irritant qui aura le même effet ou pratiquons une incision dans la peau pour les retirer à l’aide d’un crochet. »
Mythes et réalité
Le risque de caillots, d’hématomes, de gonflement et de douleurs après une opération des varices peut être limité par le port de bas de contention médicaux de classe 2, tout au long de la période recommandée par le médecin… mais aussi en faisant beaucoup de marche! Sachez aussi que des varices avancées réapparaîtront généralement d’autant plus vite que vous aurez attendu longtemps avant de les faire soigner. « De façon plus générale, le risque de récidive est relativement élevé, notamment parce que certains facteurs de risque – comme les antécédents familiaux, l’âge, la grossesse ou les hormones féminines – ne sont pas modifiables. Le tabagisme, l’obésité, le temps passé en position debout ou le manque d’exercice physique, en revanche, ne dépendent que de vous. »
Y a-t-il aussi des facteurs protecteurs? « Les médicaments veinotoniques, le port de bas de contention et l’évitement de la chaleur peuvent potentiellement limiter les plaintes associées aux varices, mais il n’est pas prouvé qu’ils permettent aussi de les prévenir. La meilleure protection consiste donc à ne pas fumer, à entretenir un poids sain et, surtout, à faire travailler vos jambes. Comme le disait déjà Hippocrate, la marche est le meilleur des remèdes! »
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